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La correction électronique des devoirs

07 / 07 / 2009 | le GREID Lettres

La gestion des devoirs rendus par voie électronique dans des classes de lycée : un premier pas vers la dématérialisation des copies ?

par Françoise Cahen

J’ai laissé cette année la possibilité à mes élèves de rendre leurs devoirs faits à la maison, tapés sur traitement de texte, sous forme électronique, par email. De la seconde aux BTS, dans chaque classe, la formule a séduit certains lycéens. Il convient d’en faire un premier bilan.

 

Bien sûr, la majorité des élèves, dans toutes les classes, continue à rendre les copies sous une forme « papier » classique. Pour ceux-ci, je n’ai pas modifié mes méthodes de gestion traditionnelles des copies. Il y a toutefois un nombre croissant d’élèves qui ont préféré envoyer leurs devoirs par mail, ou parfois, en commentaire sur le blog de la classe (pour les « petits » devoirs, du type questions de lecture). Pour l’instant, le nombre d’élèves dans une classe choisissant ce mode de travail n’a pas excédé la petite dizaine.

 

Pour éviter de s’y perdre…

 

La première difficulté à gérer, quand on reçoit ces copies, est de ne pas oublier de les télécharger au fur et à mesure, dans un fichier dédié à ce devoir, qu’on est sûr de retrouver. Dans mon ordinateur, chaque fichier envoyé par un élève est placé dans un dossier destiné à récupérer un seul type de devoir, lui-même placé dans le répertoire de chaque classe. En outre, je n’efface jamais de ma boîte mail les devoirs d’élèves, afin d’en conserver une trace. Quand je trouve la copie électronique d’un élève dans mon courrier, je lui envoie toujours un petit accusé de réception pour qu’il soit sûr que je l’ai bien reçue.

 

Il convient de demander aux élèves de mettre leurs noms dans le titre du fichier : s’ils ne le font pas, on se trouve avec 6 documents intitulés « commentaires composés », sans savoir lequel renvoyer à tel ou tel élève, une fois leurs devoirs corrigés. Au cas où les lycéens oublient de s’identifier clairement dans le titre de leur document, on peut toujours modifier le titre de leur copie en la téléchargeant dans le bon fichier. Il est également conseillé de demander aux élèves d’envoyer leurs devoirs sous le format « rtf » pour être sûr de pouvoir le lire avec son propre logiciel de traitement de texte.

 

Ce sont des habitudes à prendre, de la part des élèves et du professeur, et qui, au début, sont loin d’être automatiques. Elles le sont devenues pour moi seulement en fin d’année !

 

 

Comment se passe la correction ?

J’utilise beaucoup la fonction « commentaire » du menu « révision » de mon traitement de texte, et les mêmes abréviations que pour une correction classique. Cette fonction permet l’ajout de remarques dans les marges du devoir, directement liées aux fautes sur lesquelles on clique, ce qui est bien pratique. Nos annotations y gagnent même en clarté.

 

La note elle-même, les appréciations d’ensemble, sont inscrites dans le corps même du devoir, et non dans la marge, mais j’utilise une couleur et une taille de caractères différentes de celles qui sont utilisées par l’élève. Eventuellement, je « copie-colle » une grille d’évaluation que je remplis pour chacun. Il peut aussi m’arriver d’utiliser des « émoticônes » expressives ou amusantes pour agrémenter ma correction.

 

Je n’ai pas l’impression de passer plus de temps à corriger ce style de copie qu’un devoir « papier » traditionnel, mais il faut dire que je ne me suis pas chronométrée… Je pense à cet égard que certaines difficultés de lecture sont comblées, puisqu’aucune de ces copies n’est indéchiffrable. Ensuite, il s’agit aussi de se familiariser avec certaines fonctions de l’ordinateur, pour que ce type de correction devienne plus rapide.

 

Les avantages de ce nouveau procédé sont nombreux…

 

En moyenne, la qualité des devoirs rendus par ce biais est supérieure à celle des copies papier. Il faut avouer pour être honnête qu’en première notamment, ce sont plutôt les meilleurs élèves qui rendent leurs devoirs sous cette forme.

 

Mais certains élèves plus en difficultés, qui ont parfois une écriture très difficile à lire et rendent d’habitude des copies très sales, semblent prendre goût à la présentation très propre permise par le traitement de texte : on peut se rendre compte qu’ils jouent avec les caractères, les couleurs…

 

D’autres sont aidés par le correcteur orthographique, même si les plus handicapés dans ce domaine continuent à faire beaucoup de fautes. Il me semble que dans le cadre d’un devoir « maison », ce type d’assistance est plutôt formateur.

 

Plus subtilement, je trouve que les devoirs sont dans l’ensemble mieux structurés, les paragraphes plus apparents, les idées mieux ordonnées, comme si le traitement de texte permettait un raisonnement plus clair. Cette impression vient sûrement du fait que l’élève peut intercaler une nouvelle idée entre deux autres, faire des ajouts et des suppressions, durant toute la rédaction de son devoir, alors qu’il n’a pas le courage de tout recopier, quand il change d’idée au cours d’un devoir rédigé classiquement au stylo…

 

On peut imaginer la construction de corrigés pour la classe à partir de leurs productions, de façon bien plus aisée que dans le cas de copies papier : il suffit de « copier coller » les meilleurs passages de certaines copies, ou certains types de fautes qu’on veut leur faire corriger… Il m’est arrivé de rendre certaines très bonnes copies téléchargeables sur le blog de la classe, en exemple, avec l’autorisation de leur auteur.

 

De plus, les élèves absents, s’ils ne sont pas malades, peuvent rendre ainsi leurs copies à distance : j’ai connu le cas de vacances prolongées à l’étranger par les parents, ou un élève qui devait rester immobile après un accident. Le professeur lui-même peut rendre plus rapidement ses copies s’il le désire. En congé maternité actuellement, j’ai pu gérer mes dernières corrections de devoirs depuis mon domicile, ce que j’ai trouvé bien pratique…

 

Par rapport aux copies « papier » que l’élève dit avoir déposées dans votre casier et dont vous n’avez en fait jamais vu la couleur, les envois de mails laissent une trace, et l’élève peut difficilement prétendre vous avoir envoyé un devoir si vous ne l’avez jamais reçu. Enfin, on peut se réjouir des économies de papier et d’encre réalisées par ce moyen, même si l’énergie dépensée par l’ordinateur a aussi un coût !

 

Quelques réserves peuvent toutefois être émises…

 

Je me pose beaucoup de questions sur la lecture que font les élèves des copies corrigées quand je leur renvoie par courrier électronique. Est-ce qu’ils les regardent aussi attentivement qu’une copie papier ? La rangent-ils dans un répertoire ? L’impriment-ils ? La rangent-ils dans leur classeur comme les autres ? Il faut dialoguer avec les élèves pour s’en assurer. Il m’arrive d’imprimer moi-même la copie corrigée pour leur rendre en classe, afin qu’ils puissent la visualiser pendant la correction commune.

 

En outre, quelques élèves ne disposent pas d’ordinateurs à domicile, ni d’internet (même s’ils sont peu à l’avouer). Certes, ils peuvent aller au CDI ou à la médiathèque municipale pour y avoir recours, mais leur sentiment d’exclusion, de frustration, se trouve renforcé si on a trop massivement recours à ce type de travail. C’est pourquoi jamais je n’ai imposé à mes élèves de rendre leurs copies par voie électronique.

 

Certains élèves un peu naïfs croient que la jolie forme de leur devoir, l’usage d’une police originale, de couleurs, le temps passé à mettre en forme la copie vont leur assurer forcément une bonne note : il faut leur expliquer que l’apparence n’est pas tout, et ce n’est parce qu’ils ont l’impression d’avoir fourni un effort supplémentaire que la bonne note est garantie !

 

N’oublions pas enfin que le bac se passe toujours avec un stylo et une copie papier. On peut estimer que l’élève qui comblera ponctuellement ses difficultés par une présentation plus propre sur un traitement de texte va encore moins s’entraîner à l’usage du crayon s’il rend plusieurs devoirs dans l’année sous une forme électronique. Ceci dit, plus tard, dans toute sa vie professionnelle, l’élève utilisera l’ordinateur à la place du stylo : n’est –il pas appréciable d’avoir contribué à le familiariser avec cet outil ?

 
Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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