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Une carte heuristique pour préparer une rédaction

03 / 10 / 2011 | C. Dunoyer

par Céline Dunoyer, collège Jean-Jacques Rousseau, Le Pré-Saint-Gervais

Niveau(x) : 6e (mais transposable à tous les niveaux)
Objectifs :
  • aider les élèves à préparer efficacement la rédaction
  • comprendre toutes les implications d’une consigne pour le travail d’écriture à mener : en particulier, en dégager les compétences à mettre en œuvre
  • lister les éléments vus en cours qui seront utiles pour ce travail
  • faire émerger les premières idées
 
Durée : 1h
 
Contexte : Dans le cadre d’une séquence sur Ulysse et l’Odyssée, (une adaptation jeunesse de l’Odyssée) un travail d’écriture est prévu vers la fin de la séquence. Il s’agit d’inventer une nouvelle aventure d’Ulysse, qui viendra se placer après l’épisode des Sirènes qui a été étudié à la séance précédente.
 
Supports : Ulysse et l’Odyssée, dont divers épisodes ont été étudiés en lecture analytique dans le cadre de la lecture d’une œuvre intégrale. Etude des portraits de monstres dans le texte et étude d’images représentant ces monstres.
 
Démarches et activités :
  • projection de la consigne d’écriture
  • échanges oraux entre les élèves
  • élaboration commune d’une carte heuristique pour faire le tour de tout ce qui peut être utile pour préparer cette rédaction
 
Outils TICE :
  • un logiciel de cartes heuristiques : Freemind
  • un système de projection : vidéoprojecteur ou TNI
 
Apport spécifique des TICE :
  • brainstorming à travers la carte heuristique
  • absence de structure préétablie, ce qui favorise l’expression de toutes les idées
  • souplesse de la carte heuristique pour la réorganisation des idées a posteriori grâce à un simple glisser-déplacer
  • résultat synthétique
  • impression de la carte pour servir d’aide-mémoire et mise à disposition dans le cahier de texte numérique de la classe

Déroulement de l’activité

Premiers questionnements autour du sujet d’écriture

Le sujet, tiré du manuel des élèves (Fleurs d’encre, Hachette 6e), est tout d’abord affiché au TNI :
Imagine une nouvelle aventure d’Ulysse en écrivant la suite de ce texte : 
Lorsque nous avons dépassé le rocher des Sirènes et que nous n’avons plus entendu leurs voix ni leurs chants, mes compagnons ont retiré la cire de leurs oreilles et m’ont détaché. Mais à peine avions-nous laissé l’île derrière nous qu’un nouveau péril nous attendait...
 
La lecture du sujet déclenche des questions chez les élèves : peut-on raconter ceci ou cela ? faut-il décrire un monstre comme le Cyclope ou les Sirènes ? quels temps doit-on utiliser ? quelle personne employer ? Nous écoutons les questions et donnons la parole aux élèves pour proposer des réponses. Pour certaines questions, les élèves font remarquer que le sujet donne des indications : le récit doit être fait à la première personne et au passé composé. Ce moment de questionnement et d’observation des éléments du sujet permet dans un premier temps de faire émerger les difficultés, les points à éclaircir pour que les élèves puissent traiter correctement le sujet, de recueillir les premiers éclairages de la part des élèves eux-mêmes.

Consigner les réponses aux questions des élèves

Pour consigner les réponses à leurs questions et faire le tour ensemble de tout ce à quoi il faudra faire attention, de tout ce que l’on pourrait utiliser pour réaliser ce travail, il leur est proposé de réaliser ensemble une carte dans laquelle écrire toutes nos réponses, carte qui leur sera distribuée à la fin du cours. Cette carte viendra remplacer les tableaux ou listes de consignes habituellement donnés par le professeur pour réaliser les travaux d’écriture.
Dans un premier temps, nous reprenons les questions qui viennent d’être posées et les réponses proposées. Comme les premières remarques fusent un peu en tous sens, les idées, qu’il s’agisse de réponses à des questions de méthode ou simplement d’idées à explorer, sont inscrites dans ce premier temps les unes à côté des autres.

Organiser les réponses

Il est cependant indispensable d’organiser les idées pour faire apparaître clairement les compétences à mettre en œuvre pour réaliser ce travail, qui seront in fine les compétences évaluées. Cette nécessité de regrouper certaines idées s’impose aux élèves eux-mêmes quand l’un d’eux aborde la nécessité de décrire les personnages  : la classe se rend compte que certains points vont ensemble et que d’autres doivent au contraire être nettement séparés : il faudra par exemple décrire le « monstre » (pour l’ensemble de la classe, cette nouvelle aventure doit être un combat contre un nouveau monstre, ce qui est parfaitement cohérent avec les lectures que nous avons menées auparavant) mais aussi Ulysse. Les élèves viennent alors au TNI pour regrouper certaines étiquettes déjà placées dans la carte et placent « sous » la description du monstre d’une part des éléments physiques, d’autre part des éléments moraux. Et les diverses qualités d’Ulysse sont ramenées sous une étiquette « Ulysse ».
Les idées qui avaient été inscrites en vrac sont réorganisées aisément par un simple glisser-déplacer des étiquettes de la carte. La souplesse du logiciel de carte heuristique permet aux élèves d’expérimenter plusieurs placements différents. De grands « pôles » apparaissent ainsi.
Pour cette phase de réorganisation, utiliser la carte sur un TNI apporte une meilleure clarté que l’utiliser avec un vidéoprojecteur : en effet, sur un TNI, il suffit d’être au tableau et de déplacer les étiquettes avec le stylet.
 
Lors des échanges sur les éléments narratifs à écrire, des outils de la langue émergent comme des outils disponibles pour réaliser certains attendus comme « situer le lieu » ou « décrire les personnages ». La classe repère que les compléments circonstanciels, en particulier de temps et de lieu, que nous avons étudiés pendant cette séquence seront particulièrement utiles pour ce récit. Nous choisissons de noter cela dans des branches à part : en effet, nous aurions pu le mettre en relation avec certaines étapes, mais il est apparu, lors de la discussion sur ce que pouvaient exprimer les compléments circonstanciels de temps, que les élèves allaient en avoir besoin à plusieurs endroits de leur récit et pas seulement dans l’introduction.

Distinguer l’essentiel de l’accessoire

De nombreuses idées ont été écrites et regroupées pendant l’heure. Mais cela peut être décourageant tant il y a de choses notées dans la carte : certains élèves peuvent s’y perdre. A l’occasion de la réflexion menée par la classe autour des différentes étapes du récit, des élèves expriment l’idée que certains éléments sont absolument nécessaires et que d’autres semblent plus facultatifs. Certains élèves ont en effet repéré, lors de leur lecture, l’importance des prières aux dieux et souhaitent y consacrer une petite place : cela ne semble pas absolument nécessaire à la classe, mais apparaît comme une possibilité. Un code couleur est alors adopté pour distinguer dans certains groupes d’idées l’essentiel, les éléments auxquels prêter une plus grande attention, du facultatif.

Garder une trace de la réflexion commune

A la fin de l’heure, le sujet de la rédaction est imprimé pour chaque élève. Il est assorti de la carte réalisée ensemble pendant cette heure et de 3 images de monstres mythologiques (Méduse, Cerbère et le Minotaure). L’ensemble est également placé dans le cahier de texte numérique de la classe.
 
Cliquer sur l’image pour voir la carte heuristique dans son format interactif

carte heuristique

 
 

Commentaires

Une clarification des attentes d’un sujet d’écriture

Cette séance d’une heure s’inclut dans une séquence sur l’Odyssée. Il s’agit de préparer un travail d’écriture qui est programmé en fin de séquence. Ce travail d’écriture, s’il n’est pas placé en toute fin de séquence, en est en partie un aboutissement. Il permet de mettre en œuvre de nombreux éléments dégagés lors des séances de lecture (étude de divers combats, caractérisation du Cyclope, à la fois physique et morale, analyse de trois représentations picturales des Sirènes) et de réinvestir à profit les séances de langue (étude du passé composé et du plus-que-parfait, étude des compléments circonstanciels). Les élèves sont donc en théorie armés pour mener à bien ce travail, mais il convient de clarifier ce qui est attendu pour ce travail, de détailler avec eux les points (de langue, de vocabulaire, d’organisation textuelle) à travailler et aussi de fournir quelques idées.

L’appropriation du sujet par la classe

Il m’a semblé intéressant de faire élaborer par les élèves eux-mêmes les éléments nécessaires à la bonne réalisation de ce travail afin que ces derniers soient le fruit de la réflexion de l’ensemble de la classe plutôt qu’issus simplement d’une consigne donnée par le professeur.
La carte heuristique, qui produit la même chose qu’un traditionnel remue-méninges au tableau noir, offre une grande souplesse en particulier au début, quand rien n’est encore organisé. La structuration des idées n’est pas obligatoire a priori, ce qui permet de laisser toutes les idées prendre leur place sur la carte au moment où elles sont évoquées. L’organisation peut se faire ensuite, quand le besoin s’en fait sentir, et en tâtonnant, ce que le tableau noir ne permet pas. De plus, on peut, avec cet outil informatique, ajouter n’importe quand un élément supplémentaire, le déplacer à loisir, réorganiser autant que nécessaire à tout moment.
L’appropriation du sujet par la classe se fait donc petit à petit, de façon assez libre et collective, en enrichissant l’avis de l’un par l’avis de l’autre.

Donner sa place à chaque élève dans la construction d’un outil d’aide

La place des échanges oraux est très importante dans cette séance car il s’agit de faire formuler par les élèves les difficultés mais aussi les solutions.
La souplesse de la carte heuristique a permis à chacun de s’exprimer, de faire entendre ses idées, de les voir trouver une place dans un document qui servira à tous. Les uns ont répondu aux questions des autres, tous ont été amenés à ouvrir leur cahier pour trouver une réponse satisfaisante concernant par exemple l’emploi des compléments circonstanciels. Tous les élèves ont dû feuilleter leur livre pour retrouver certains invariants des combats d’Ulysse.
En fin d’heure, ce sont leurs idées qui vont leur servir de trace écrite et non pas un document prévu d’avance par le professeur.

Variantes possibles

Si le secrétariat a été assuré pendant cette séance par le professeur, on pourrait aussi bien le déléguer à un élève qui aurait déjà une maîtrise suffisante du fonctionnement du logiciel. On pourrait aussi envisager des moments de réflexion écrite individuelle (lister les différentes étapes du récit par exemple). J’ai pour ma part préféré mener toute l’heure à l’oral, profitant du dynamisme de cette classe dans les échanges oraux qui donne lieu à des idées nombreuses et variées.
 
 
Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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