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Lire, écrire, s’exprimer à l’oral à l’aide d’un carnet de voyage

21 / 11 / 2012 | le GREID Lettres

 

par Alexandra de Montaigne, professeur certifié au collège Iqbal Masih de Saint-Denis

 

 

Plan de la séquence

 

Dominantes

Objectifs

Compétences

Séance n°1 :

« Voguons vers l’ailleurs… » : comment faire entrer l’élève dans le thème de la séquence ?

 

Oral

1heure

  1. S’inscrire dans la thématique du voyage par la connaissance qu’ont les élèves d’autres lieux que celui où ils résident.
  2. S’inscrire dans la thématique du voyage par la présentation d’une destination de leur choix.

 

  1. Participer à un échange oral (écouter autrui et formuler un propos simple).
  2. Se situer sur un planisphère.
  3. Rendre compte à l’oral d’une expérience personnelle.

 

Séance n°2 :

« Le voyage par la lecture » : comment susciter l’envie de lire un livre seul ?

Oral/Lecture cursive

2 heures consécutives

 

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

 

  1. L’élève découvre les différents genres appartenant à la littérature du voyage.

 

  1. L’élève construit son horizon d’attente afin d’avoir envie de lire.

 

  1. Ecouter et prendre en compte la présentation des ouvrages de la malle de littérature de voyage.
  2. Développer sa curiosité et son intérêt lors de la présentation des livres pour faire un choix de lecture en tant que lecteur aguerri.

 

Séance n°3 :

« A la découverte de nouvelles régions du monde ! » : comment susciter l’imaginaire du lecteur pour qu’il s’inscrive dans sa lecture ?

 

Lecture/Ecriture 2 heures consécutives

 

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

 

  1. S’inscrire dans le cadre des récits de voyage par la connaissance des lieux et des cultures évoqués (lecture documentaire)
  2. Distinguer description littéraire et description scientifique d’un lieu
  3. Se situer dans l’espace géographique
  4. Appréhender des époques, cultures, coutumes et mentalités différentes

 

  1. Lire de manière autonome un texte documentaire relevant du discours descriptif
  2. Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi (lire de manière linéaire la totalité d’un texte, pratiquer une lecture hiérarchisée afin de sélectionner certaines informations)
  3. Reformuler à l’écrit avec ses propres mots un texte lu
  4. Rédiger une description à l’aide d’informations recueillies

 

Séance n°4 :

« A l’origine du carnet de voyage, le récit de voyage d’un explorateur » : comment prolonger et enrichir la lecture cursive par la lecture analytique ?

 

Lecture/Ecriture

4 heures consécutives

 

  1. Découvrir les caractéristiques d’un genre littéraire : le récit de voyage
  2. Entrer dans la lecture d’extraits de récit de voyage du XIIIème siècle
  3. Comprendre les enjeux historiques et culturels du voyage au XIIIème siècle pour comprendre un genre littéraire

 

  1. Lire de manière autonome un texte documentaire relevant du discours descriptif
  2. Pratiquer une lecture hiérarchisée afin de sélectionner certaines informations
  3. Rédiger un texte bref cohérent
  4. Se situer dans l’espace géographique et l’histoire

 

Séance n°5 :

« Faisons notre propre voyage ! » : comment éviter le décrochage du lecteur par l’écriture ?

 

Lecture/Ecriture 4 heures consécutives

 

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

 

  1. Prolonger l’envie de lire par l’écriture d’un récit de voyage
  2. Développer un horizon d’attente de sa lecture en imaginant celui de son récit
  3. S’approprier l’univers de son récit en le faisant vivre par l’écriture

 

 

  1. Ecrire un texte narratif comprenant un passage descriptif cohérent
  2. Exprimer ses sentiments et émotions
  3. Utiliser un brouillon pour écrire

 

Séance n°6 :

« Faisons le tour du monde par les livres » : comment achever sa lecture par son partage oral ?

 

Lecture/Oral

4 heures consécutives

  1. S’inscrire dans la fiction par le partage de sa lecture (écoute/présentation)
  2. Présenter un livre en mêlant discours narratif et explicatif (voire argumentatif)
  3. Travailler un texte écrit en vue de le mettre en voix

 

 

  1. Lire de manière autonome un livre en entier
  2. S’exprimer à l’oral/ Ecouter autrui
  3. Présenter sa lecture à la manière d’un récit de voyage
  4. Construire un jugement de lecteur critique

 

 

 

Déroulement de la séquence

Nous sommes à la dernière séquence d’une classe de cinquième (à la dernière semaine du mois de mai), laquelle porte sur la découverte de la littérature de voyage par la lecture cursive ; elle a pour titre : « Voguons vers l’ailleurs … par nos lectures ». Il ne reste que quelques semaines pour permettre aux vingt-quatre élèves de cinquième de découvrir la variété d’un genre et les faire entrer de manière autonome dans la lecture d’une œuvre de leur choix. Les élèves ont déjà passé une année de travail soutenu, je ne souhaite donc pas conduire une séquence classique portant sur l’étude des différents genres du récit de voyage car je sais que les dernières séances ne nous permettront pas de construire des compétences de lecture analytique solides et évaluables. Je préfère donc terminer l’année par des séances de lecture en classe d’un livre que les élèves ont choisi, lu avec goût et l’encadrer par la réalisation d’un projet d’écriture créatif, « Le carnet de voyage de sa lecture ». Ce dernier représente un cadre qui à mes yeux guidera, rythmera et développera la lecture des élèves tout en les stimulant encore un peu... Aussi, la séquence s’achève-t-elle par des cours alternés en salle de français et au CDI en co-animation avec le professeur documentaliste du collège. Chacune de nos séances de deux heures du mercredi se déroulera au CDI et ce, jusqu’à la fin des cours. Pour matérialiser leur lecture, les élèves apportent un support d’écriture qui représente leur carnet de voyage.

Lors de cette séquence, je m’attacherai essentiellement à développer différentes compétences de lecture soutenues et concrétisées par des activités d’écriture et d’oral. A la fin de ce parcours, les élèves doivent avoir découvert, grâce aux lectures de leurs camarades, différents genres relevant de la littérature de voyage.

L’idée de savoir que les élèves achèveront leur année de français par la lecture d’un livre qu’ils vont partager à l’oral et surtout à l’écrit via leur carnet m’enthousiasme. Et ce d’autant plus qu’un grand nombre d’entre eux n’est toujours pas en mesure de lire un livre en entier de manière autonome. Sept d’entre eux issus de CLA et une partie assez fragile en français ne maîtrisent que très peu les compétences de lecture exigées en classe ordinaire de cinquième et davantage encore, celle qui consiste à lire de manière autonome. Cette activité est en effet vécue comme une obligation scolaire désagréable, source de difficultés, dépourvue d’un quelconque plaisir.

 

Séance n°1 : « Voguons vers l’ailleurs… » : comment faire entrer l’élève dans le thème de la séquence ?

Oral – 1 heure

Objectifs :

  • S’inscrire dans la thématique du voyage par la connaissance qu’ont les élèves d’autres lieux que celui où ils résident.
  • S’inscrire dans la thématique du voyage par la présentation d’une destination de leur choix.

 

Compétences :

  • Participer à un échange oral (écouter autrui et formuler un propos simple).
  • Se situer sur un planisphère.
  • Rendre compte à l’oral d’une expérience personnelle.

 

Modalités pédagogiques :

Cette séance d’introduction ne devait durer qu’une vingtaine de minutes afin d’inscrire les élèves dans le thème de la séquence. Je ne l’ai pas encore formulé, mais, avant que les élèves n’arrivent, j’ai placé au tableau un planisphère utilisé en cours d’histoire-géographie. Spontanément les élèves regardent et semblent reconnaître des pays dans lesquels ils sont déjà allés, qu’ils ont déjà étudiés, ou qu’ils connaissent via leurs camarades leurs proches ou leur culture personnelle (livresque ou cinématographique). C’est alors qu’avant même que je lance le thème de la nouvelle séquence par une question détournée, des mains se lèvent. Les élèves ont manifestement l’envie de faire part des pays reconnus et un échange autour de leurs (re)connaissances se met en place. Aussi, chacun fait-il part de son expérience du voyage et de ce qu’il a retenu du pays visité. Quelques connivences s’instaurent entre ceux qui ont déjà été dans différents pays et développent quelques descriptions pour les faire partager aux camarades. Certains se projettent ainsi dans un futur voyage…. Au regard de cette effervescence, je décide de faire prendre conscience aux élèves des différences et points communs de leur pratique du voyage. Il s’avère que tous en ont déjà fait l’expérience, y compris ceux qui se sont rendus dans leur famille dans le sud de la France ou dans une ville qui leur semblait éloignée de Paris. J’ai essayé de faire en sorte que chaque élève puisse intervenir pour qu’aucune destination ne soit dévalorisée.

Sous forme d’une bulle schématique, nous prenons de brèves notes des divers points évoqués pour faire apparaître les caractéristiques du voyage :

  • Les causes du voyage
  • Les finalités du voyage
  • Les modalités du voyage
  • Les éléments typiques du voyage
  • Ce qu’apporte un voyage, ce qu’on en retient
  • Les sentiments ressentis à l’idée et lors du voyage

N.B. Il est intéressant de noter que grand nombre d’entre eux effectue ces voyages en famille ou pour rendre visite à de la famille. Aussi, ces derniers sont-ils associés à la dimension parentale. Lors des productions écrites, grand nombre d’entre eux se projetteront dans un voyage entre amis et de manière indépendante.

 

Je leur demande donc pour la prochaine fois de présenter à l’écrit dans leur cahier la destination du voyage évoquée en quelques phrases (nom du lieu, situation géographique, particularités culturelles et linguistiques, ce qu’ils en ont retenu, ce qui les a marqués) et accompagnée d’une illustration au choix (dessinée ou imagé collée).

 

Séance n°2 : « Le voyage par la lecture » : comment susciter l’envie de lire un livre seul ?

Oral/Lecture cursive – 2 heures consécutives

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

Objectifs :

  • L’élève découvre les différents genres appartenant à la littérature du voyage.
  • L’élève construit son horizon d’attente afin d’avoir envie de lire.

Compétences :

  • Ecouter et prendre en compte la présentation des ouvrages de la malle de littérature de voyage.
  • Développer sa curiosité et son intérêt lors de la présentation des livres pour faire un choix de lecture en tant que lecteur aguerri.

Modalités pédagogiques :

Les tables sont disposées en « U » au centre duquel se trouvent l’ensemble des livres proposés pour la séquence. Ils sont regroupés par genres mais les élèves n’en ont pas encore connaissance. Lorsqu’ils entrent, la profusion de livres produit son effet et attise leur curiosité ; ils sont désireux de s’en saisir. Mais, l’interdiction est lancée de ne pouvoir les approcher. Après avoir préparé en amont cette co-séance, le professeur documentaliste et moi-même présentons les ouvrages que nous avons sélectionnés. Certains élèves connaissent déjà quelques titres présents et s’en rappellent avec joie. Il s’agit de carnets de voyage, d’albums de littérature jeunesse qui relatent un voyage (fictif ou non), de récits de voyage, de romans de voyage ou de romans d’aventures se déroulant dans des contrées lointaines. Nous avons choisi des livres pour tous types de lecteurs et autour du thème du voyage, qu’il soit réel ou fictif. Cette classe comprenait sept élèves issus de CLA, un élève orienté en SEGPA, un élève d’ULIS et un élève dyslexique.

Les élèves savent qu’ils ont à en choisir un à la fin de la présentation, à identifier le genre auquel il appartient et à expliquer les raisons de leur choix en une phrase. Ces consignes étaient écrites au tableau et à inscrire dans leur cahier à la fin de la séance. Aussi avons-nous cherché à alterner les exposés afin de les rythmer pour ne pas abasourdir et lasser les élèves.

A la fin des présentations, les élèves ont la possibilité par groupes de quatre de se lever et de manipuler à leur tour les livres qu’ils souhaiteraient prendre pour en choisir un. De manière classique, quelques-uns se portent d’emblée vers les œuvres qui leur paraissent les moins longues…Mais après avoir eu la possibilité de feuilleter et lire en classe le début de leur livre, ils s’aperçoivent rapidement qu’il peut être plus difficile qu’en apparence, moins intéressant ou loin de leur goût…Un temps de lecture s’instaure donc dans la classe durant quinze minutes durant lesquelles ils ont encore la possibilité de changer. Et, c’est avec plaisir que quelques élèves non experts en lecture modifient leurs choix pour s’orienter vers des ouvrages plus épais ou romancés, soit parce que, dépassant leurs craintes, ils ont pris le temps de lire le début, soit parce qu’ils ont été convaincus par d’autres camardes connaissant l’œuvre, soit parce qu’ils ont sollicité un conseil auprès de leurs professeurs.

Le cours se poursuit par une séance de lecture d’une vingtaine de minutes afin de favoriser l’autonomie des lecteurs. Le silence et le fait que tous, le professeur compris, lisent, lèvent les obstacles de l’entrée dans la lecture. Il me semble que le groupe-classe joue ici un rôle moteur et un cadre rassurant que renforce la disposition des tables en « U » puisque tous se voient et tous se voient lire, comme dans un miroir. Les sentiments de peur, de solitude voire, pour certains, de ridicule à se mettre dans une posture de lecture, qui constituent des freins à l’entrée dans la lecture, sont ici amoindris. Les élèves parviennent à se plonger dans l’histoire et à faire abstraction de l’espace scolaire. Or, comme je souhaite qu’ils parviennent à reproduire cette entrée autonome dans la fiction, je les interromps au moment où il me semble que l’intrigue se met en place. Cette stratégie est pensée pour leur donner envie de poursuivre leur livre en dehors de la classe, et du collège.

Pour finir, les élèves consignent dans leur cahier les différents genres appartenant à la littérature du voyage. Au regard du format des ouvrages, de leur composition interne, des premières et quatrièmes de couverture, nous les leur faisons regrouper à l’oral puis identifier quatre grandes catégories d’après des caractéristiques formelles et esthétiques : les carnets de voyage (personnels de voyageurs, documentaires ou fictifs), les récits de voyage d’explorateurs, les récits d’aventures illustrés (albums fictifs), les romans d’aventures (fictifs). Et chacun a pour tâche d’identifier le genre de son livre. Puis, je leur présente le projet de notre dernière séquence et sa planification dans le but de fixer un objectif et un rythme de lecture.

 

Séance n°3 : « A la découverte de nouvelles régions du monde ! » : comment susciter l’imaginaire du lecteur pour qu’il s’inscrive dans sa lecture ?

Lecture/Ecriture – 2 heures consécutives

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

Objectifs :

  • S’inscrire dans le cadre des récits de voyage par la connaissance des lieux et des cultures évoqués (lecture documentaire)
  • Distinguer description littéraire et description scientifique d’un lieu
  • Se situer dans l’espace géographique
  • Appréhender des époques, cultures, coutumes et mentalités différentes

Compétences :

  • Lire de manière autonome un texte documentaire relevant du discours descriptif
  • Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi (lire de manière linéaire la totalité d’un texte, pratiquer une lecture hiérarchisée afin de sélectionner certaines informations)
  • Reformuler à l’écrit avec ses propres mots un texte lu
  • Rédiger une description à l’aide d’informations recueillies

 

Modalités pédagogiques :

  1. De la lecture cursive à la lecture documentaire : comment nourrir l’imaginaire du lecteur ?

Cette séance qui se déroule au CDI en co-animation avec le professeur documentaliste consiste à faire travailler la première partie du carnet de voyage : « Présenter le pays évoqué dans sa lecture ». Autrement dit, cette activité repose sur la lecture préalable d’une partie de son ouvrage et elle implique l’identification par les élèves des lieux évoqués dans leur récit. Les élèves avaient à avancer dans leur lecture, sans nombre de pages fixées, afin d’être en mesure de réaliser le travail du jour. L’ambiguïté pour moi était d’exiger la poursuite par les élèves de leur livre tout en souhaitant qu’elle se fasse spontanément. Elle a pour but de leur faire prendre conscience de l’espace géographique et culturel dans lequel s’inscrit leur récit (même si celui-ci est fictif, il se rapporte à une région du monde facilement identifiable) ainsi que d’enrichir la représentation qu’ils ont de l’univers du récit par des lectures documentaires constituées de textes et d’images. A l’issue de ce travail, les élèves doivent avoir saisi l’importance et la spécificité des lieux par rapport à l’histoire lue mais aussi par rapport au genre littéraire à l’honneur dans cette séquence.

Le professeur documentaliste commence en faisant rappeler aux élèves les principes de classification des ouvrages au CDI (la classification de Dewey propre aux CDI et bibliothèques françaises). Puis, il leur précise la nature des différents livres dont ils auront besoin pour effectuer leur recherche documentaire. Nous revoyons donc la méthode à suivre en distinguant différentes étapes : l’identification de son sujet, sa première définition à l’aide d’un usuel, puis la recherche d’informations plus précises grâce à des ouvrages spécialisés.

Ma collègue rappelle ainsi la localisation des usuels d’information et de communication comme les encyclopédies et les dictionnaires. Elle leur fait ensuite repérer l’endroit où se situent les ouvrages de géographie. Après ce bref rappel, chacun part en quête de ses outils de travail.

Comme il s’agit d’une lecture documentaire, les élèves sont dans un premier temps perdus, soit par le flot d’informations, soit par l’apparent manque de renseignements car ceux qui leur importent ne se trouvent pas dès la première ligne lue, soit par la complexité des écrits. Les articles d’encyclopédie leur paraissent en effet difficiles à parcourir car ils sont denses, écrits avec une police de petite taille, ils relèvent du discours explicatif, comportent un vocabulaire spécifique et dépourvus d’illustrations. Dans un premier temps, nous les laissons chercher et se heurter aux obstacles de cette lecture spécifique. Beaucoup se chargent d’ouvrages, certains en changent rapidement sans prendre le temps de les lire tandis que d’autres « se jettent » sur leur stylo pour recopier les articles mot à mot sans les avoir lus et compris.

Autrement dit, si la lecture de textes narratifs leur est familière, celle de textes descriptifs ou explicatifs, l’est moins. C’est pourquoi elle leur est plus ardue. Comme ces types de discours n’ont pas pour fonction d’émouvoir le lecteur, de faire appel à sa sensibilité par la narration ainsi qu’à sa capacité à s’identifier au(x) personnage(s), ce qui facilite le dépassement de certaines complexités du texte (chronologiques ou lexicales par exemple), ils exigent de ce dernier qu’il prenne ses distances par rapport au texte, en d’autres termes, qu’il soit dans une lecture instructive, distanciée et intellectuelle. Cette heure de cours porte donc sur une compétence interdisciplinaire souvent pratiquée en sciences humaines et en sciences mathématiques : « Adapter son mode de lecture à la nature du texte proposé et à l’objectif poursuivi » et plus précisément « lire de manière linéaire la totalité d’un texte » et « pratiquer une lecture hiérarchisée afin de sélectionner certaines informations ».

Après une dizaine de minutes, nous intervenons collectivement avec le professeur documentaliste afin de guider la classe sur la méthode à suivre pour mener à bien la lecture documentaire. Nous leur demandons de faire part à l’oral des méthodes de lecture adoptées. Après échange, nous statuons sur la nécessité de prendre le temps de lire un article de dictionnaire (adapté aux collégiens) en entier pour avoir une première compréhension du sujet traité, puis, d’illustrer ces informations par la lecture d’un ouvrage de géographie. De nouveau nous revoyons le repérage de la page adéquate en nous appuyant sur les tables des matières, les sommaires ou grâce aux index.

 

  1. De la lecture documentaire à la prise de notes : comment retranscrire les informations repérées pour la réalisation d’un texte descriptif ?

Une fois ces points acquis, nous les laissons lire. Ensuite, nous passons individuellement lorsqu’ils cherchent à repérer et à noter les informations utiles afin qu’ils ne se perdent pas dans du recopiage des textes. Pour les élèves performants, ils ont pour tâche de repérer les éléments importants, puis de les reformuler avec leurs propres phrases. Pour les autres ils ne doivent noter que les phrases ou propositions dans lesquelles se trouvent les renseignements. 

Ce travail complexe, augmenté par l’ignorance des sujets de recherche (les îles Galápagos par exemple ne sont pas connues de la classe) a ensuite été allégé et facilité par la lecture d’ouvrages illustrés (ouvrages de géographie par exemple). Néanmoins, les élèves ont pris plaisir à s’évader et à découvrir de nouveaux espaces géographiques. Ils ont donc pris davantage de temps que prévu pour réaliser cette première partie de carnet de voyage. C’est donc trois voire quatre heures pour certains qu’il a fallu. Car, de la prise de notes, les élèves devaient en faire un texte personnel. Ce travail fut achevé en devoir à la maison afin que chacun puisse prendre le temps d’écrire. Le texte descriptif était à rédiger au présent, en s’appuyant sur des informations et images prélevées dans les ouvrages étudiés à la manière d’un article de dictionnaire. Afin de remédier à la dimension scolaire de la tâche et pour conférer au texte une valeur – notamment esthétique -, je leur ai demandé, dans le cadre de leur carnet de voyage, d’illustrer leur texte par des images, des photographies ou des dessins personnels. Ces illustrations font partie de l’évaluation du carnet de voyage : richesse et pertinence des illustrations, pertinence de leur disposition, respect des sources.

Cette activité de lecture documentaire, de reformulation et d’écriture a donc mêlé plusieurs compétences complexes qui relevaient d’une démarche scientifique. Elle a ainsi facilité le retour à la lecture cursive car le lecteur a pu s’immerger dans une narration au cadre familier sans avoir à s’en extraire pour l’analyser.

 

Séance n°4 : « A l’origine du carnet de voyage, le récit de voyage d’un explorateur » : comment prolonger et enrichir la lecture cursive par la lecture analytique ?

Lecture/ Ecriture – 4 heures consécutives

Objectifs :

  • Découvrir les caractéristiques d’un genre littéraire : le récit de voyage
  • Entrer dans la lecture d’extraits de récit de voyage du XIIIème siècle
  • Comprendre les enjeux historiques et culturels du voyage au XIIIème siècle pour comprendre un genre littéraire

Compétences :

  • Lire de manière autonome un texte documentaire relevant du discours descriptif
  • Pratiquer une lecture hiérarchisée afin de sélectionner certaines informations
  • Rédiger un texte bref cohérent
  • Se situer dans l’espace géographique et l’histoire

Modalités pédagogiques :

  1. A la découverte du genre du récit de voyage : comment dépasser les difficultés du texte par la pratique de la lecture collective d’extraits ?

De retour du CDI, la séance se déroule en classe de français autour de la lecture des récits de l’explorateur Marco Polo. De même que les élèves ont découvert de nouveaux horizons géographiques au CDI lors de leurs recherches, comme une mise en abyme ils font connaissance à leur tour des Grands Découvreurs et des terres qu’ils ont conquises et qui sont reprises dans leurs ouvrages.

Afin d’inscrire les extraits dans un contexte qu’ils connaissent puisqu’ils l’ont étudié en histoire, je leur demande de se souvenir par écrit de quelques explorateurs et des raisons de leurs voyages. Nous mettons ensuite en commun au tableau le fruit de leur travail et les quatre grands voyageurs étudiés en histoire sont évoqués : Marco Polo, Christophe Colomb, Vasco de Gama, Fernand de Magellan ainsi que les enjeux économiques, scientifiques et religieux de leurs périples.

Ensuite, je leur distribue un dossier issu d’un manuel scolaire qui présente sous forme de voyage d’exploration, le Livre des Merveilles de Marco Polo à partir de différents textes (une biographie de Marco Polo, un planisphère d’époque, l’incipit du Livre des Merveilles, une enluminure sur le départ de Marco Polo et des extraits de description de paysages) : Dossier n°3 « Arts, espace, temps », page 70 : « Découvrir le Livre des Merveilles », « Suivre un reporter du XIIIème siècle », « Rédiger de brefs reportages à la manière de Marco Polo ».

Répartis par groupes de quatre, les élèves lisent silencieusement et individuellement puis je leur demande de pratiquer une lecture collective en réfléchissant à quatre questions qu’ils pourraient poser à un autre groupe afin de vérifier et confronter leur compréhension des textes. Il s’agissait pour moi de stimuler l’entrée dans la lecture de textes descriptifs (présentation de Marco Polo, description de son périple et description des lieux découverts) afin de mettre en évidence les caractéristiques du récit de voyage du XIIIème siècle. L’échange oral permet aux élèves de mettre en œuvre une compétence déjà travaillée précédemment « la lecture hiérarchisée afin de sélectionner des informations » puisque chaque groupe se met à rechercher la réponse dans les documents. Ensuite, je leur fais rédiger un bref texte décrivant l’itinéraire de Marco Polo pour préparer la lecture des textes de présentation des lieux découverts. Mais aussi pour qu’ils prennent conscience des enjeux de ces voyages pour l’époque.

D’un point de vue grammatical, je leur impose l’utilisation des notions déjà vues comme les compléments circonstanciels de lieux et de temps afin d’organiser leur texte. Je précise également l’emploi du passé-composé. Chaque groupe présente son travail au tableau et un élève issu d’un autre groupe est chargé de suivre sur le planisphère au fur et à mesure le voyage décrit afin de vérifier la cohérence du texte (le bon emploi des outils d’organisation du discours descriptif) ainsi que son exactitude puisque chacun a travaillé sur le parcours de Marco Polo.

 

  1. De la lecture des textes descriptifs : comment faire comprendre le rôle des textes descriptifs au lecteur ?

Pour la séance suivante, la classe doit lire les différents extraits de paysages décrits par Marco Polo et repérer les différents procédés d’écriture qui permettent à l’écrivain de représenter le réel. Le but du cours portera sur les caractéristiques de l’écriture de Marco Polo qui à la fois cherche à informer son lecteur, à lui faire imaginer ce dont il n’a nulle connaissance mais aussi à lui faire part des impressions ressenties face aux paysages observés. C’est donc ici sur la perception et la représentation du réel que nous travaillons afin de mettre en évidence les enjeux d’une description littéraire qui mêle description objective, impressions et imagination. Ce point-là est crucial car pour les élèves, les textes se comprennent toujours de manière binaire, en termes de vrais ou faux, réels ou fictifs.

La classe est toujours répartie en groupe afin que chacun puisse échanger ses analyses de lecture. J’assigne à chaque regroupement un texte à présenter à l’oral (lecture à voix haute et présentation des analyses) ce qui nous permettra de mettre en évidence des procédés d’écriture récurrents ainsi que leurs effets sur le lecteur.

D’un point de vue stylistique, cette activité nous permet de réinvestir et de revoir les figures de style (métaphore, comparaison), les classes grammaticales (l’importance de l’adjectif qualificatif et des déterminants démonstratifs), la fonction épithète, la fonction attribut, les compléments circonstanciels de lieu ainsi que les indices de subjectivité. Elle confère aussi l’occasion de repérer les tournures présentatives récurrentes.

Ainsi, munis d’outils lexicaux, grammaticaux et stylistiques, je leur demande ensuite en guise d’exercice de réinvestissement de décrire une image que j’ai prélevée dans un guide touristique de voyages. Chacune d’entre elles correspond à la région dans laquelle s’inscrit le pays de chaque élève. Cet exercice de lecture d’image renvoie à un travail déjà effectué en amont sur la manière de lire et décrire une image. Le texte bref sera descriptif et cherchera à faire partager l’impression qu’ils ressentent en la regardant. Ce travail représente un moyen de faire repérer la différence entre une description littéraire et une description à visée informative tant du point de vue de la forme que du point de vue de leur visée. Je leur distribue ensuite le texte de l’agence de voyages qui accompagne l’image et qui souligne l’intention du texte descriptif. Les élèves regroupés travaillent tantôt seuls tantôt en binôme pour la construction de leur texte, la vérification de l’emploi des outils exigés ainsi que pour la cohérence de ce dernier par rapport à la consigne. Ce travail lu pour quelques-uns, fut à achever lors d’une autre séance en classe puis noté et enfin reporté dans le carnet de voyage. 

 

La lecture analytique a ainsi permis de prolonger la lecture cursive en l’inscrivant dans un genre littéraire plus ancien et lié à des événements historiques. Et de manière implicite, puisque le temps ne nous a permis de le faire plus explicitement, elle a été l’occasion de faire comprendre aux élèves l’importance et le sens des passages descriptifs qui parfois sont révélateurs de l’état d’esprit du narrateur – ou du personnage –, de l’intention de l’auteur, et qui dans un récit constituent aussi des pauses esthétiques ou pittoresques. Une autre activité pourrait ici intervenir concernant la comparaison de passages descriptifs de lecture cursive – que souvent les lecteurs passent – afin d’identifier leur signification ou concernant la comparaison de descriptions de paysages et de leurs représentations artistiques (picturales, photographiques…). Comparer le regard de l’artiste et le regard de l’écrivain, comparer leurs outils et leurs techniques qui produisent les mêmes effets sur le lecteur (de texte ou d’image ; il perçoit des signes qui forment un message qu’il comprend, interprète, lesquels s’adressent à sa sensibilité).

 

A l’issue de cette séance, les élèves doivent reprendre la lecture de leur livre – pour ceux qui ne l’avaient pas déjà terminé. Je n’évalue toujours pas cette lecture, mais je sais que je pourrai la contrôler via l’exercice de la séance suivante qui nécessite une bonne connaissance de son personnage.

 

 

Séance n°5 : « Faisons notre propre voyage ! » : comment éviter le décrochage du lecteur par l’écriture ?

Lecture/Ecriture – 4 heures consécutives

Séance co-animée avec le professeur documentaliste

Objectifs :

  • Prolonger l’envie de lire par l’écriture d’un récit de voyage
  • Développer un horizon d’attente de sa lecture en imaginant celui de son récit
  • S’approprier l’univers de son récit en le faisant vivre par l’écriture

Compétences :

  • Ecrire un texte narratif comprenant un passage descriptif cohérent
  • Exprimer ses sentiments et émotions
  • Utiliser un brouillon pour écrire

 

Modalités pédagogiques :

 Cette séance se déroule au CDI en co-animation avec le professeur documentaliste parce que le lieu permet de lier les livres à l’acte d’écriture. Les élèves ont poursuivi la lecture de leur ouvrage et doivent désormais faire le récit d’un départ en voyage à destination du pays qu’ils ont présenté et décrit préalablement. Ce travail a pour objectifs d’une part de se mettre dans la posture de l’écrivain en s’appuyant sur ses lectures (documentaires et littéraires) ainsi que sur les travaux d’écriture d’autre part. Enfin, il vise le réinvestissement des connaissances grammaticales.

Par ailleurs, cette activité a pour but de prolonger l’identification du lecteur au personnage de son livre en l’insérant dans une autre situation fictive, celle dont l’élève est l’auteur. D’emblée, l’activité enthousiasme les élèves car ils s’emparent concrètement de l’histoire lue – ainsi que du personnage, celui de l’auteur, celui qu’ils imaginent au gré de leur lecture et qui parfois les déçoit ou les surprend –. Cet exercice vise également le fait de ressentir le plaisir du voyage en l’imaginant. Aussi, ce départ doit-il dans les critères d’écriture correspondre à la nature du personnage du récit (sexe, caractère, milieu familial et social) ainsi qu’à la destination du récit. De manière implicite, l’élève doit être assez avancé dans sa lecture pour produire un texte cohérent par rapport au texte lu.

 

Les élèves sont répartis en groupe, disposent des ouvrages avec lesquels ils ont déjà travaillé ainsi que de leur carnet de voyage. Nous analysons ensemble la consigne qui consiste à raconter son départ en voyage (à la première personne du singulier) vers le pays évoqué dans son carnet de voyage sans oublier d’exprimer ses émotions, ses attentes du voyage, les objets emportés ainsi que l’itinéraire suivi. Je leur fais identifier les implicites du sujet : le temps de l’écriture (le passé-composé) et le destinataire (comme nous sommes dans un carnet de voyage, l’écrit s’adresse tout d’abord à soi-même (comme lieu du souvenir) puis aux autres, la postérité (comme lieu de transmission)).

A ce moment de la séquence, les élèves perçoivent la nature ambivalente du genre du carnet de voyage à la fois écriture intime, comme un journal pour soi et écriture descriptive, comme un journal scientifique d’observations, pour autrui.

Chacun se met au travail de manière spontanée, alternant écriture, lecture de son carnet, lecture de son livre, observation des images. Les professeurs en retrait laissent les élèves écrire et ce, durant une trentaine de minutes. Ce n’est qu’ensuite que nous accompagnons ou guidons quelques élèves en difficulté par rapport à la cohérence du texte (maîtrise des temps, différentes étapes du récit). A la deuxième heure, nous passons parmi eux pour fournir des guides de travail individualisé sous forme de questions :

  • Avez-vous repris les critères d’écriture mentionnés dans la consigne ?
  • Avez-vous respecté l’emploi des temps et leur conjugaison ?
  • Avez-vous respecté la cohérence chronologique dans votre récit ?
  • Avez-vous organisé votre texte à l’aide de compléments circonstanciels ?
  • Avez-vous inséré une description du paysage ?
  • Votre texte est-il cohérent par rapport au texte de lecture cursive ?

 

Nous ramassons à la fin de la deuxième heure les textes que j’annote dans un premier temps et qu’ils ont pour tâche de corriger et de recopier dans leur carnet de voyage. Le degré de cohérence du texte écrit par rapport au texte de la lecture cursive révèle le niveau de compréhension de ce dernier ou l’avancée du lecteur dans son livre, ce qui me permet d’ajuster l’évaluation de l’écrit.

L’écriture constitue ainsi une pause dans la lecture et une appropriation du texte lu par le passage de l’élève lecteur à l’élève écrivain.

 

Séance n°6 : « Faisons le tour du monde par les livres » : comment achever sa lecture par son partage oral ?

Lecture/Oral – 4 heures consécutives

Objectifs :

  • S’inscrire dans la fiction par le partage de sa lecture (écoute/présentation)
  • Présenter un livre en mêlant discours narratif et explicatif (voir argumentatif)
  • Travailler un texte écrit en vue de le mettre en voix

Compétences :

  • Lire de manière autonome un livre en entier
  • S’exprimer à l’oral/ Ecouter autrui
  • Présenter sa lecture à la manière d’un récit de voyage
  • Construire un jugement de lecteur critique

Modalités pédagogiques :

  1. De la lecture au résumé de sa lecture : comment achever sa lecture et sortir de la fiction ?

Cette séance vise à motiver le lecteur essoufflé à mi-parcours ou à quelques pages de la fin, pour qu’il reprenne et achève son ouvrage. Aussi, le fait d’avoir à présenter son livre et à rendre compte de sa lecture à la manière d’un guide touristique constituent-ils des leviers qui remobilisent. Le camarade auditeur représente une instance à honorer pour l’élève face à laquelle il faut être à la hauteur.

La présentation devra rendre compte du récit, présenter les personnages, présenter le lieu le plus important et exprimer un avis de lecture (émotions, sentiments et avis critique). La prestation aura pour but de convaincre l’auditeur de lire ou de ne pas lire l’ouvrage présenté. L’exercice final se déroulera à l’oral, seul ou à deux pour ceux qui le souhaitent et en co-évaluation. Les élèves qui travaillent sur le même livre pouvaient en effet se réunir pour réaliser la tâche. 

Disposés par groupe, ils réfléchissent aux critères de réussite de la présentation. Nous élaborons ensuite une grille d’évaluation commune :

 

Présentation générale de l’œuvre

 /3

Présentation des personnages, lieux, époque, événements majeurs

 /5

Partage de ses impressions de lecteur et d’un avis argumenté (lecture d’un passage en bonus)

 /5

Qualités orales (diction, audibilité, niveau de langue)

 /2

 

Jusqu’à la fin de l’heure, ils travaillent surtout à leur résumé et effectuent des allers-retours entre leur ouvrage, leur cahier, entre les échanges qu’ils ont puisqu’ils se lisent leurs travaux respectifs afin de construire leur présentation. Je n’interviens pas puisque la collaboration entre eux fonctionne ou le travail individuel suit un rythme efficace.

Comme les présentations orales se font à la séance suivante, je ne ramasse aucune production. Ils doivent seulement la terminer pour la prochaine fois.

 Lors de cette activité, quelques élèves me sollicitent au sujet de leurs doutes ou incompréhensions qui révèlent une lecture partielle plus qu’une lecture difficile. Ces derniers prennent conscience de l’impossibilité de travailler sans avoir lu l’ensemble du livre. Aussi, quelques élèves profitent-ils de ce temps de travail pour poursuivre leur lecture ou relire avec davantage de concentration. Quelques ouvrages n’ont donc pu être lus de manière autonome en dehors de l’espace classe. Il s’agit des lecteurs les plus fragiles – notamment trois élèves en suivi linguistique, deux élèves en voie de décrochage en fin d’année, un élève dyslexique et un élève peu autonome. Cette dernière séance constitue donc un dernier temps où ils sont désireux de lire leur ouvrage.

 

  1. Du résumé écrit à une présentation orale : comment partager ses impressions de lecteur pour en susciter chez son auditeur ?

Pour ce dernier moment de la séance, je laisse quelques minutes aux élèves afin qu’ils revoient leurs notes, leur prestation en duo et leur lecture.

A chaque passage, les auditeurs notent leurs impressions sur les critères de réussite et expliquent en retour s’ils ont le désir ou non d’effectuer un voyage avec l’ouvrage présenté ; en d’autres termes s’ils ont envie de lire. A travers ce tour des livres, les élèves ont pu réfléchir aux grandes classifications que nous avions évoquées en début de séance et effectuer des comparaisons entre les différents genres d’ouvrages, classés sous le genre récit de voyage ou récit d’aventures.

 

C’est donc lors de cette présentation que j’évalue réellement la lecture de l’ouvrage par l’élève et notamment les compétences « savoir lire un livre seul et en entier », « comprendre un texte long », « être capable de reformuler dans ses mots un texte lu en respectant la chronologie ». Les évaluations intermédiaires d’écriture ont rythmé la lecture sans l’évaluer en tant que telle. Elles ont donc constitué un moyen de la contrôler (identifier où en sont les élèves de leur lecture) sans l’évaluer ponctuellement.

 

La dernière séance d’écriture du retour du voyage n’a pu être conduite faute de temps.

 

En conclusion

Ce dernier temps d’oral a achevé l’année de manière conviviale, autour d’échanges de lecteurs. Il a permis à l’ensemble de la classe de lire un dernier livre en entier et de manière autonome, bien que ce fût principalement dans l’espace de la classe. Les activités d’écriture et de lecture documentaire qui accompagnaient la réalisation du carnet de voyage ont permis de donner un rythme et un cadre de travail à la lecture cursive laquelle n’a pas été ressentie comme une lecture individuelle, solitaire et fastidieuse mais comme une lecture collective, inscrite dans la vie de la classe. Chaque production écrite ou préparation de production orale était en effet consignée dans le carnet. Aussi, ce dernier a-t-il fonctionné en partie comme un carnet de lecture à travers la thématique du récit de voyage.

Une meilleure répartition du temps aurait permis de mettre à profit cette caractéristique en consignant des avis de lecteur à la manière d’un voyageur au gré des temps de lecture. Ainsi la dernière activité aurait été réalisée avec plus de facilité puisque chaque lecture et impression auraient été consignées en amont.

Néanmoins, la concentration des différents travaux dans le carnet a permis de soulager les temps de lecture cursive, lesquels n’étaient pas l’unique objet de travail ; ils étaient en relation avec les travaux d’écriture et de lecture documentaire pour tour à tour les approfondir. Tel un fil rouge, le carnet de voyage, individualisé par chaque élève se l’appropriant à travers ses propres illustrations, a encadré la lecture sans la guider ou la contrôler. Objet source de plaisir esthétique pour soi et par rapport aux autres, objet honoré par l’élève, il a permis d’insuffler de temps à autre quelques graines de motivation pour le lecteur qui, interrompu dans sa lecture, voulait malgré tout être en mesure de le remplir de textes de qualité, quitte à les récrire plusieurs fois. Aussi l’écriture a-t-elle été le support – au sens propre – et le vecteur de la lecture. Si bien qu’elle a permis aux élèves de se maintenir – de près ou de loin – ancrés à la lecture cursive.

 

En ce qui concerne l’étude du genre du carnet de voyage en soi, ce point n’a que peu été abordé puisque nous n’avons pas eu le temps d’étudier des carnets de voyage existants ou diffusés en ligne. Ceci aurait pu constituer un support de travail intéressant et pratique. De plus, il aurait été beaucoup plus pertinent aussi de travailler sur la valeur de l’image dans les carnets de voyage, de distinguer leurs natures ainsi que leurs fonctions. Et, en guise de prolongement des temps de lecture, faire chercher aux élèves une illustration (ou une œuvre d’art) représentative du passage lu. 

 

Enfin, quant à la découverte du genre du récit de voyage, les élèves ont pu avoir accès à ses grandes caractéristiques et réfléchir au sous-genre dans lequel appartenait leur propre ouvrage.

 

 

Annexe n°1 - Fiche de travail distribuée aux élèves en début de projet

 

 

Séquence n°5 : Voguons vers l’Ailleurs !

Projet d’écriture : Le Carnet de voyage

image d’un carnet de voyage d’Hélène Fournie

 

Séance n°3 au CDI : présenter le pays évoqué dans sa lecture à l’aide (01/06/2011) : Chaque séance au CDI est composée de deux heures consécutives.

- d’une carte géographique pour le situer dans le monde

- d’une présentation de ses habitants et de leur culture, leurs coutumes (ne pas oublier le drapeau !)

- d’images typiques du pays (habitants, paysages, objets)

 

Séance n°4 en classe : décrire un paysage que vous trouvez beau à l’aide (à préparer pour le 15/06/2011)

- de phrases complexes

- de compléments circonstanciels

- d’adjectifs qualificatifs

 

Séance n°5 au CDI : raconter en quelques phrases le départ de votre voyage vers ce pays en faisant partager (à préparer pour le 08/06/2011)

- vos émotions

- vos attentes de ce voyage

- les objets que vous emportez

- votre itinéraire

 

Séance n°7 au CDI : raconter le retour de votre voyage (au passé-composé) (à préparer pour le 22/06/2011)

- ce qui vous a plu dans ce pays

- les personnages que vous avez rencontrés et que vous avez bien aimés

- vos émotions sur le chemin du retour

 

 

 

 

 
Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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