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Améliorer la maîtrise de l’orthographe avec l’ordinateur en Aide Individualisée

20 / 06 / 2007 | C. Dunoyer

 

Objectifs :

  • faire
    écrire des élèves démobilisés
  • améliorer
    la maîtrise de la langue
  • faire
    acquérir des automatismes en orthographe
  • remotiver
    des élèves

par
Céline Dunoyer, professeur au collège E. Carrière, Gournay-sur-Marne

Contexte pédagogique

Dans le cadre de l’aide individualisée en seconde au lycée
Mozart du Blanc-Mesnil, une enseignante de français a souhaité
aider un petit groupe d’élèves à surmonter
quelques unes de leurs difficultés orthographiques en utilisant
le biais de l’écriture et celui de l’outil informatique.
L’enseignante a proposé à huit élèves
de sa classe, ayant des difficultés orthographiques particulièrement
pénalisantes, de participer à un groupe d’écriture,
ce qu’ils ont tous accepté.

Le projet était de faire progresser, ne serait-ce qu’un
tout petit peu, la qualité de l’expression écrite
de ces élèves. Les objectifs visaient donc l’orthographe
lexicale et grammaticale, mais aussi la syntaxe, la ponctuation
et l’articulation logique d’un texte. Au cours des séances,
l’accent a été particulièrement mis sur les
difficultés orthographiques sur lesquelles chacun de ces
élèves butait encore et toujours.

Le sujet d’écriture n’était qu’une stratégie
de détour, une motivation pour les élèves,
afin d’atteindre ces objectifs, trop rébarbatifs pour ces
élèves en grande difficulté et aussi trop stigmatisants
pour eux.
L’utilisation de l’outil informatique a été choisie
plutôt que le classique travail sur papier pour sa souplesse
en ce qui concerne la correction, la réécriture et
la réorganisation des idées et aussi pour la motivation
qu’elle crée chez les élèves. Mais nous nous
sommes contentées de l’utilisation simple du traitement de
texte en salle multimédia. Chaque élève disposait
de son ordinateur et savait où trouver son fichier. Aucun
outil complexe n’a été utilisé.

L’enseignante a demandé aux huit élèves d’écrire
une courte nouvelle fantastique, en soulignant la nécessité
de la correction de la langue pour que leur texte soit bien compris
des lecteurs.

Au cours de ces quelques séances, je suis intervenue
essentiellement en tant qu’animatrice PMC chargée d’accompagner
techniquement un professeur dans un travail avec ses élèves.
Cependant étant professeur de français, je suis également
sans cesse intervenue comme telle auprès des élèves,
à qui j’avais d’ailleurs été présentée
ainsi. Nos expériences personnelles de l’enseignement de
la langue, l’une d’enseignante collège et l’autre de lycée,
se sont enrichies mutuellement.

Notre situation a donc été privilégiée
et très enrichissante, mais un enseignant qui se trouve à
l’aise en salle multimédia n’aura aucune difficulté
à mettre en place un projet du même ordre. Il doit
simplement maîtriser les outils de base d’un traitement de
texte, les procèdures d’enregistrement des fichiers, et bien
sûr connaître le dispositif propre à son établissement
(réseau, mots de passe individuels, répertoires précis,
etc).

Déroulement des séances

Séance 1 : amorce d’un travail d’écriture

Une première séance a été consacrée
à la présentation du travail à accomplir,
aux rappels concernant ce qu’est le fantastique, à la distribution
de documents propres à aider les élèves (schéma
d’une nouvelle fantastique, propositions de débuts de textes,
propositions de situations, propositions d’éléments
fantastiques, etc), documents que nous avions élaborés
ensemble afin de plonger les élèves dans leur travail
d’écriture et ainsi de les détourner de leurs difficultés
tout en les aidant par les directives données.

Les élèves ont commencé par écrire
sur le papier
pour ne pas se lancer sur l’ordinateur sans rien
de construit.
Dès l’aval de l’enseignante donné, les élèves
se présentaient dans la salle informatique
je les attendais pour vérifier avec chacun qu’il connaissait
le fonctionnement de la machine, pour leur montrer le répertoire
prévu pour l’enregistrement de leurs travaux, le logiciel
à utiliser, les consignes d’enregistrement, et enfin pour
nouer un contact personnel avec ces élèves que je
ne connaissais pas du tout. Puis chacun s’est mis au travail.
A partir de ce moment-là, les élèves se sont
mis à travailler de façon individuelle devant leur
ordinateur
, tandis que l’enseignante et moi-même passions
derrière eux pour apporter notre aide. J’ai apporté
l’aide technique nécessaire à la mise en page simple,
et nous avons toutes deux apporté alternativement notre aide
en terme de relecture, de correction, d’explication sur les corrections
à effectuer et de réponse aux questions concernant
la qualité et la construction de leur texte. Dans les premiers
temps, nous avons orienté les élèves vers la
correction de la syntaxe et de la présentation, afin d’avoir
un début compréhensible et de cadrer leur façon
de travailler (sans quoi certains auraient écrit au kilomètre !).

 

Séance 2 : mettre le doigt sur les difficultés de base en maîtrise de la langue

Quatre ou cinq lignes avaient été écrites
lors de la première séance. Nous avons demandé
au début de la deuxième séance, à ce
que les élèves se relisent pour corriger l’orthographe.
Il s’est avéré très difficile pour eux d’arriver
à tout voir et à corriger correctement, évidemment.
Chaque élève a travaillé sur son texte et pouvait
nous poser des questions, lesquelles nous ont amené à
rappeler aussi les règles d’organisation de la phrase, comme
la ponctuation.

Dès qu’une question soulevait une difficulté qui
relevait, pour nous, les enseignantes, des règles admises
comme étant "de base" (accord sujet-verbe ; accord
déterminant-adjectif-substantif ; majuscule en début
de phrase et ponctuation forte en fin de phrase ; nécessité
de couper ses phrases…), nous demandions à l’ensemble
du groupe de rappeler oralement la règle. Il est clairement
apparu que la plupart de ces règles n’étaient pas
appliquées par la majorité du groupe (pour ne pas
dire par tous) alors que tous savaient les avoir apprises. Il est
vrai aussi que certaines semblaient avoir été oubliées.

L’objectif de cette séance n’était pas de refaire
tout un cours ni de balayer l’ensemble des difficultés, mais
bien de rappeler à l’attention des élèves des
règles qu’ils avaient apprises, qu’ils ne maîtrisaient
pas et qui sont pourtant sans cesse utiles. Il s’agissait de les
familiariser de nouveau avec une somme de connaissances, probablement
apprises puis négligées et oubliées, d’attirer
leur attention sur l’existence de ces règles, mais non de
les leur faire maîtriser dans l’heure.

Un certain temps a été consacré à
chaque élève afin de formuler et reformuler ensemble
les règles qu’il ne comprenait pas pour qu’il puisse mieux
les appliquer. Selon les besoins de chacun, les règles ont
été notées sur une feuille afin d’essayer de
les retenir et de les appliquer, en utilisant le plus possible les
explications formulées par les élèves eux-mêmes.

 

Séance 3 : poursuivre l’écriture et prendre conscience que les règles sont mal acquises

Au cours de la troisième séance, le travail d’écriture
s’est poursuivi, lentement. Chaque élève avait à
travailler sur son texte et à progresser un peu dans l’avancée
de l’écriture. La nécessité de se relire régulièrement
et de se corriger a été rappelée, de même
que l’essentiel de ce qui avait été dit à la
séance précédente (faire les accords sujet-verbe,
repérer les adjectifs pour les accorder, ponctuer son texte,
mettre des majuscules).

Bien sûr les mêmes erreurs se sont répétées
-malgré de réels efforts- : nous avons donc répété
les règles déjà abordées, les élèves
les ont notées à nouveau si le besoin s’en faisait
sentir.

Ils ont également commencé à oser davantage
poser des questions sur les points d’orthographe sur lesquels ils
butaient. Lorsqu’un point d’orthographe posait problème à
un élève et nous semblait intéressant et important
pour tous, nous soumettions le problème à l’ensemble
du groupe. Parmi les erreurs les plus fréquentes dans l’ensemble
des huit élèves, les homophones : a/à,
se/ce, -er/-é/-ait, on/ont, ... Rares ont été
les élèves à pouvoir formuler des règles
ou des moyens mnémotechniques pour éviter ces erreurs.

Au cours de la séance, au fur et à mesure de l’énoncé
des règles ou des moyens permettant d’éviter ou de
corriger une erreur, chacun a commencé à se rendre
compte que les mêmes erreurs revenaient souvent dans son propre
texte.

Un petit "bilan" a été fait à la
fin de la séance pour savoir si les rappels sur les règles
de langue leur semblaient efficaces. Ils ont aussi pu exprimer que
si certaines règles leur semblaient plus claires, plus logiques
- qu’ils les appliquent ou non -, d’autres continuaient
de leur échapper totalement.

 

Séance 4 : un contrat sur les deux erreurs majeures de chaque élève

S’il est évident que toutes les règles méritent
l’attention des élèves, il est aussi évident
que des élèves en grande difficulté ne sont
pas à même de se concentrer sur trop de difficultés
en même temps et surtout de les surmonter toutes en même
temps. Et l’orthographe est d’abord une affaire de logique et de
compréhension, ensuite une affaire d’apprentissage, enfin
une affaire d’automatisme. Il fallait donc aider les élèves
à comprendre toutes les règles qu’ils ne maîtrisaient
pas, mais aussi les aider à se concentrer sur quelques points
précis afin d’acquérir sur ces points les automatismes
nécessaires à la bonne pratique de la langue. Un effort
d’explication individuelle a donc été fait pour faciliter
la compréhension des règles et leur apprentissage ;
des aides concrètes ont été fournies pour faciliter
la mise en pratique la plus systématique possible ; un effort
spécifique et individualisé a été demandé
à chaque élève sur un nombre ciblé de
difficultés.

Au cours de la quatrième séance, nous avons commencé
à chercher à identifier avec chaque élève
les erreurs qu’il commettait plus que d’autres. Nous leur avons
demandé de repérer les deux erreurs les plus fréquentes
pour chacun d’eux.
Après quoi, nous avons essayé
de comprendre d’où venait chacune de ces erreurs et de bien
formuler avec eux les règles permettant de les éviter.
Les élèves se sont alors engagés à utiliser
leurs mémentos pour l’ensemble des règles qu’ils devaient
appliquer mais surtout à être désormais particulièrement
attentifs aux deux erreurs repérées par eux pour eux-mêmes
.
Attentifs d’abord au cours de nos séances. Puis aussi dans
l’ensemble des cours de français : l’enseignante se chargeait
de leur rappeler qu’il fallait penser à leurs 2 difficultés
à chaque moment d’écriture, de devoir sur table à
la simple prise des devoirs à faire. Et enfin dans l’ensemble
des situations d’écriture.

 

Séances 5, 6 et 7 : poursuite du travail d’écriture

Au fur et à mesure des séances suivantes, même
si leur orthographe restait un problème crucial, nous avons
pu noter que les élèves faisaient l’effort de consulter
leurs mémentos, que certaines de ces règles leur devenaient
moins étrangères, et qu’ils pensaient bien à
leurs deux règles personnelles.
Cela a permis pour ces élèves une amélioration
notable sur de tout petits points précis ainsi qu’un certain
épanouissement en cours de français et dans les cours
de façon générale. L’un des élèves
notamment, redoublant et très découragé, a
repris confiance, s’est remis au travail et a nettement amélioré
sa syntaxe globale suite à ces séances.

 

Bilan

Au cours de ces séances, l’ordinateur s’est révélé
un allié discret mais utile. En effet, les erreurs s’y corrigent
plus facilement, ne laissant pas de ratures. On peut y faire des
essais de correction, de mise en page, sans avoir à tout
réécrire à chaque fois. Un soulagement pour
ces élèves déjà accablés par
toutes les erreurs à corriger, les règles à
maîtriser, à conjuguer entre elles…
Cela a permis aux élèves de se concentrer sur la correction
de la langue, sur les règles qu’ils devaient observer, comprendre,
mémoriser, utiliser sans être gênés, distraits
ou découragés par le lourd travail de réécriture
manuelle.
Sans être nécessaire à la maîtrise de
l’orthographe, le traitement de texte a permis à ces élèves
en grosse difficulté de progresser dans cette maîtrise
en ne se concentrant que sur l’orthographe.

Ces séances ont également permis aux élèves
de reprendre pied dans un cours qui leur semblait bien étranger.
L’échange individuel avec l’enseignante, l’attention portée
à leurs propres difficultés, les efforts faits pour
trouver un moyen de faire comprendre à chacun les règles
qu’il ne comprenait pas, ont aidé les élèves
à s’impliquer davantage dans le cours parce qu’ils se sentaient
eux-mêmes davantage impliqués. Ils se sont montrés
plus actifs dans le cours, ont participé. Leurs résultats
globaux ne se sont pas considérablement améliorés,
mais chaque élève a fait des efforts et de petits
progrès sur les points qu’il a plus particulièrement
travaillé au cours de ces séances. Ce qui, pour ces
élèves en difficulté, n’est pas rien !

 
Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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