Séquence latin 2de : Le lion d’Androclus, d’Aulu Gelle à saint Jérôme
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Bartolommeo Bellano (attribué à) [louvre.edu], photo RMN, D. Arnaudet |
Simon Bening [louvre.edu], photo RMN |
par Mme Elisabeth Grillon,
professeur au lycée Thibaud de Champagne à Provins
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Déroulement de la séquence
Séance 1 : Lecture de l’ensemble du texte d’Aulu-Gelle.
Lecture d’abord dans la traduction française puis dans le texte latin quand celle-ci n’est plus donnée.
Qui raconte quoi ? Repérer l’enchâssement des récits. Souligner dans le texte latin et français.
Qui raconte où ? Relever pour chaque locuteur les indications de lieu importantes et ce qui permet de dater l’événement : cf note
Proposer un titre autre que Le lion d’Androclus.
Séance 2 : Etude des § 5 à I0.
Lecture avec texte et traduction.
Les élèves répondent en se servant de citations du texte latin.
Spagna [louvre.edu], photo Erich Lessing |
Moment de revoir dans la 3ème déclinaison leo leonis, m. et corpus oris, n.
Découvrir un emploi du datif : esse curae alicui et autres expressions semblables.
Découvrir un emploi de l’ablatif dans la description.
Séance 3 : Texte latin §12 à 14
Traduction par groupes.
Que se passe-t-il sur le plan des temps entre 11 et 12 ?
Etude particulière de la coordination : que relie et ou -que ?
Donner d’emblée solution pour ad contuendum leonem et videres
Séance 4 : Texte § 21 à 25
Lecture en classe et repérage de :
- phrase et propositions
- subordination et liaison
- groupes de mots, mots essentiels pour la compréhension
Qu’est-ce qu’un verbe déponent ?
Le participe : les relever, les classer, savoir les décliner.
Remettre petite version : § final.
Séance 5 : Corrigé de la version et élargissement du sujet à partir du retable d’Issenheim
D’une histoire édifiante à la légende de saint Jérôme.
Révision par la lecture de l’ensemble du texte d’Aulu-Gelle 3 ème déclinaison, participe, déponent, valeur du présent de l’indicatif
Simon Bening [louvre.edu], photo RMN |
Séance 6 : Contrôle, corrigé, lecture de paraboles : le grain de sénevé, le levain pour dire abscondita
Trouver sur Internet ou dans des livres d’autres représentations du lion avec ou sans saint Jérôme.
Le lion, l’animal du désert.
Texte
Le lion d’Androclus,
Aulu-Gelle, Nuits Attiques, V, 14.
Quod Apion, doctus homo, qui Plistonices appellatus est, vidisse se Romae scripsit recognitionem inter se mutuam ex vetere notitia hominis et leonis.
XIV.1. Apion (1), qui Plistonices appellatus est, litteris homo multis praeditus fuit. ... 4. Hoc autem, quod in libro Aegyptiacorum quinto scripsit, neque audisse neque legisse, sed ipsum sese in urbe Romana vidisse oculis suis confirmat. 5. " In Circo maximo (2), inquit, venationis amplissimae pugna populo dabatur. 6. Ejus rei, Romae cum forte essem, spectator, inquit, fui. 7. Multae ibi saevientes ferae, magnitudine bestiarum excellentes, omniumque invisitata aut forma erat aut ferocia. 8. Sed praeter alia omnia, leonum inquit, immanitas admirationi fuit, praeterque omnes caeteros unus. 9. Is unus leo corporis impetu et vastitudine, terrificoque fremitu et sonoro, toris comisque cervicum fluctuantibus, animos oculosque omnium in sese converterat. 10. Introductus erat inter complures caeteros ad pugnam bestiarum datus servus viri consularis. Ei servo Androclus nomen fuit. 11. Hunc ille leo ubi vidit procul, repente, inquit, quasi admirans stetit, ac deinde sensim atque placide tanquam noscitabundus ad hominem accedit. 12. Tum caudam more atque ritu adulantium canum clementer et blande movet, hominisque sese corpori adjungit, cruraque ejus et manus prope jam exanimati metu lingua leniter demulcet. 13. Homo Androclus inter illa tam atrocis ferae blandimenta amissum animum recuperat paulatimque oculos ad contuendum leonem refert. 14. Tum, quasi mutua recognitione facta, laetos, inquit, et gratulabundos videres hominem et leonem. " 15. Ea re prorsus tam admirabili maximos populi clamores excitatos dicit, arcessitumque a Caesare (3) Androclum, quaesitamque causam cur ille atrocissimus leo uni parsisset. 16. Ibi Androclus rem mirificam narrat atque admirandam 17. " Cum provinciam, inquit, Africam proconsulari imperio meus dominus obtineret, ego ibi iniquis ejus et quotidianis verberibus ad fugam sum coactus, et, ut mihi a domino, terrae illius praeside, tutiores latebrae forent, in camporum et arenarum solitudines concessi ; ac, si defuisset cibus, consilium fuit mortem aliquo pacto quaerere. 18. Tum, sole, inquit, medio rapido et flagranti, specum quandam nanctus remotam latebrosamque, in eam me penetro et recondo. 19. Neque multo post ad eamdem specum venit hic leo, debili uno et cruento pede, gemitus edens et murmura dolorem cruciatumque vulneris commiserantia. " 20. Atque illic primo quidem conspectu advenientis leonis territum sibi et pavefactum animum dixit. 21. " Sed postquam introgressus, inquit, leo, uti re ipsa apparuit, in habitaculum illud suum, vidit me procul delitescentem, mitis et mansuetus accessit ; ac sublatum pedem ostendere mihi ac porrigere, quasi opis petendae gratia, visus est. 22. Ibi, inquit, ego stirpem ingentem, vestigio pedis ejus haerentem, revelli, conceptamque saniem vulnere intimo expressi, accuratiusque sine magna jam formidine, siccavi penitus atque detersi cruorem. 23. Ille tunc mea opera et medela levatus, pede in manibus meis posito, recubuit et quievit. 24. Atque, ex eo die, triennium totum ego et leo in eadem specu eodemque victu viximus. 25. Nam, quas venebatur feras, membra opimiora ad specum mihi suggerebat, quae ego, ignis copiam non habens, sole meridiano torrens edebam. 26. Sed ubi me, inquit, vitae illius ferinae jam pertaesum est, Ieone in venatum profecto, reliqui specum ; et, viam ferme tridui permensus, a militibus visus apprehensusque sum et ad dominum ex Africa Romam deductus.
27. Is me statim rei capitalis damnandum dandumque ad bestias curavit. 28. Intelligo autem, inquit, hunc quoque leonem, me tunc separato, captum gratiam mihi nunc beneficii et medicinae referre. " 29. Haec Apion dixisse Androclum tradit, eaque omnia scripta circumlataque tabella populo declarata atque ideo cunctis petentibus, dimissum Androclum et poena solutum, leonemque ei suffragiis populi donatum (4). 30. " Postea, inquit, videbamus Androclum et leonem, Ioro tenui revinctum, Urbe tota circum tabernas ire : donari aere Androclum, floribus spargi leonem, omnes ubique obvios dicere : " Hic est leo hospes hominis, hic est homo medicus leonis. "
Notes :
1 - Apion : rhéteur alexandrin du 1er siècle ap.J.C., auteur d’une histoire d’Egypte et de commentaires sur Homère. A. Gellius est un grammairien du 2ème siècle ap.J.C
2 - Les combats de bêtes étaiet présentés, soit au forum dans des amphithéâtres dressés pou la circonstance, soit au cirque avant qu’il y eût des amphithéâtres permanents. Le Grand Cirque remonte aux origines ; quant à son emplacement, (entre Aventin et. Palatin), il fut aménagé et réaménagé au cours des siècles.
3 - L’Empereur, Caligula, selon la version a C. Caesare.
4 - Noter que c’est toujours le public qui décide du sort des gladiateurs et condamnés aux bêtes ; l’empereur n’a plus qu’à entériner sa décision. Ce fut à Rome une mode de posséder des bêles fauves apprivoisées.
Traduction
XIV. Histoire racontée par Apion, surnommé Plistonicès qui affirme avoir vu Rome un lion et un esclave se reconnaître mutuellement.
Prolongement : du texte aux images, d’Aulu Gelle à la Vulgate
Le hasard a voulu que dans le temps où nous étudiions le lion d’Androclus, j’ai découvert le retable d’Issenheim, au musée de Colmar, chef-d’œuvre mondialement connu de Grünewald, monstre sacré de l’art occidental, que je ne connaissais pas.
J’ai été frappée d’entendre à propos de saint Jérôme représenté sur ce retable, ce que nous venions de traduire avec Aulu-Gelle : un lion blessé, une épine au désert, un medicus…
Sano di Pietro [louvre.edu], photo Erich Lessing |
Jacopo del Sellajo [louvre.edu], photo Erich Lessing |
Simon Bening [louvre.edu], photo RMN |
Recherches faites, l’histoire ne serait pas arrivée à saint Jérôme mais à un autre anachorète avec lequel il avait été confondu : soit, mais saint Jérôme est très souvent représenté avec un lion, au désert comme dans son cabinet d’étude ! En témoignent quelques-unes des représentations qui conjuguent le désert, le lion, la lecture et le chapeau de cardinal !
Spagna, Saint Jérôme dans le désert
(1511, huile sur panneau, 39,3 cm x 29,3 cm)
[louvre.edu], photo Erich Lessing
Battista Dossi
Saint Jérôme en prière dans un paysage
(huile sur toile, 106 cm x 153 cm)
[louvre.edu], photo RMN
Comme saint Jérôme est aussi l’auteur de la Vulgate, ce que je savais, j’ai pensé que cela pouvait terminer la séquence d’Aulu-Gelle. J’ai donc apporté une photocopie du retable d’Issenheim et fait découvrir aux élèves l’homme et le lion.
La conclusion s’ouvrait d’elle-même :
- du paganisme au christianisme,
- des récits anciens à la légende dorée des saints,
- d’une histoire édifiante au commentaire religieux des Pères de l’église sur le dit lion : l’interprétation de la coexistence de l’homme et du lion, le sens du geste
- et pour donner une autre histoire en latin, le choix d’une parabole, en latin d’église, avec traduction à côté, rappelait l’autre versant du médecin du lion tandis que la représentation de saint Jérôme avec le lion se comprend peut-être par les enjeux du temps et notamment la question du concile de Nicée, à savoir la nature de Jésus pour les chrétiens.
Mise en parallèle avec saint Jérôme
Saint Jérôme, né en Dalmatie, vient vers 354 à Rome. Il est un vir trilinguis et l’auteur de La Vulgate, c’est-à-dire la traduction latine, autorisée, de la Bible.
Il est souvent représenté avec un manteau rouge et un chapeau de cardinal, pour ses rapports avec le pape Damase.
Le lion vient d’une confusion avec l’anachorète saint Gérasime dont la légende veut qu’il ait apprivoisé un lion.
Voici donc une parabole tiré du Nouveau Testament, de l’Evangile de saint Matthieu.
Simile est regnum caelorum grano sinapis, quod accipiens homo seminavit in agro suo : quod minimum quidem est omnibus seminibus : cum autem creverit, majus est omnibus oleribus, et fit arbor, ita ut volucres caeli veniant, et habitent in ramis ejus. Aliam parabolam locutus est eis : Simile est regnum caelorum fermento quod acceptum mulier abscondit in farinae satis tribus, donec fermentatum est totum. Haec omnia locutus est Jesus in parabolis ad turbas ; et sine parabolis non loquebatur eis ut impleretur quod dictum erat per Prophetam dicentem : Aperiam in parabolis os meum, eructabo abscondita a constitutione mundi. |
" Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ. C’est bien la plus petite de toutes les graines, mais, quand il a poussé, c’est la plus grande des plantes potagères qui devient même un arbre, au point que les oiseaux du ciel viennent s’abriter dans ses branches. " Ma bouche prononcera des paraboles, |
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Pier Francesco Sacchi Les Quatre docteurs de l’Église avec les symboles des quatre Évangélistes (1516, huile sur panneau, 196 cm x 167,5 cm) [louvre.edu], photo RMN, D. Arnaudet |
Evaluation (sur 25 points)
1- Le lion d’Androclus : qui raconte quoi ? 2/3 lignes . 2 points
2 - Le récit évoque deux lieux, précisez lesquels. 5 lignes maximum 3 points
3- Montrez en quoi le récit d’Androclus est plus étonnant que le combat attendu.
ou : Par rapport au combat attendu, quel est l’effet du récit d’Androclus ? 15 lignes 4 points
4- Traduisez et expliquez : 12 points
– Hoc autem, neque audisse neque legise,
sed ipsum sese in Urbe Romana
vidise oculis suis confirmat.
Quelle construction reconnaissez-vous ? cf. aussi § 30
- Ejus rei, Romae cum forte essem, spectator fui.
– Qu’est-ce que cum ici ?
- Leonum immanitas admirationi fuit.
A quel cas est admirationi ?
traduire aussi : esse gaudio alicui, esse odio alicui.
- Ei servo Androclus nomen fuit.
Comment s’explique le cas de ei servo.
- Hunc ille leo ubi vidit procul, repente stetit.
Qu’et-ce que ubi ici ?
5 - Commentez la phrase finale dans sa construction : 2 points
Hic est leo hospes hominis,
hic est homo medicus leonis.
6- Quel rapport saint Jérôme peut-il avoir avec cette histoire ? Qui est saint Jérôme ? 2 points