Le Japon dans l’imaginaire contemporain français : l’utilisation du padlet au service d’un travail en partenariat
lundi 4 juillet 2016
par le GREID Lettres



par Julie Dufresnes, professeure de lettres modernes, collège Jean Vilar, Vert-Saint-Denis




 

Niveau(x) : Collège 4e
 
Objectifs :

  • Faire découvrir la culture japonaise aux élèves, parents d’élèves, à la communauté éducative et publics extérieurs.
  • Sensibiliser les collégiens, à la question de stéréotype et de l’altérité autour du Japon.
  • Susciter la réflexion à propos de l’altérité, la construction de la représentation de soi et des autres chez des élèves en pleine construction d’identité.
  • Encourager les liens entre les divers publics et les lieux culturels.
  • Favoriser l’expression écrite et orale , à travers un projet résidence.

 
Contexte :
Dans le cadre d’un travail en partenariat (résidence d’auteur et en interdisciplinarité), dans une classe de quatrième
 
Supports :

  • Textes de l’écrivain Jean-Paul Honoré
  • Lectures faites dans le cadre de la résidence ( Eduardo Berti, Frédéric Forte, Jacques Jouet)
  • Extraits de texte Les Notes sur l’oreiller de Sei Shonagôn
  • Extraits des Je me souviens, Perec

Durée : De novembre à juillet
 
Démarches et activités :

  • Travaux d’écriture et de lecture
  • Recherches et partage avec un écrivain
  • Construction d’une exposition retraçant la résidence ( expression orale et écrite)

Outils numériques :
Padlet essentiellement
Audacity
 
Apport spécifique du numérique :

  • Un partage avec l’écrivain au-delà des frontières
  • Un retour sur l’écriture : le travail au brouillon
  • Un partage rapide et facile de fichiers entre professeurs et élèves
  • Un travail d’amélioration en direct grâce à l’usage du padlet ( envoi rapide des prises de vue ou de son)
 

Le déroulé des activités

Cette année, j’ai organisé avec l’auteur Jean-Paul Honoré une résidence d’écrivain dans une classe de quatrième. Dès novembre, nous avons travaillé sur le thème « Le Japon dans l’univers contemporain français » en cours de français mais aussi dans les autres disciplines. Nous avons, pour mener à bien notre projet, utilisé le padlet.
Le padlet est un outil numérique gratuit, plutôt facile d’utilisation. On peut y afficher des documents variés (textes, images, vidéos, sons), sous forme de « post-it ».

Qu’est-ce qu’un projet de résidence ?
 
Le projet de résidence d’auteur est un projet qui permet à une classe de travailler avec un auteur (ici Jean-Paul Honoré). Celui-ci est venu en résidence pendant six mois au collège afin d’écrire et de réaliser une œuvre sur le thème suivant « Le Japon dans l’imaginaire contemporain français ». Les élèves ont eu la chance de rencontrer et d’échanger avec un écrivain durant le processus d’écriture et, grâce au thème proposé, ont participé à de nombreuses actions et sorties qui ont pour but de susciter et développer la réflexion des élèves à propos de l’altérité, de la construction de la représentation de soi et des autres chez des élèves en pleine construction d’identité , de faire découvrir la culture japonaise aux élèves, parents d’élèves, à la communauté éducative et publics extérieurs et ainsi de sensibiliser les collégiens à la question du stéréotype et de l’altérité à partir du Japon.

Le padlet, un support de réflexion

Pour commencer notre projet, j’ai créé un padlet intitulé « quatrième résidence » (la résidence se faisant en classe de quatrième) qui permettait à l’ensemble de l’équipe, à l’auteur et aux élèves de poster des documents permettant ainsi une diffusion facile, mais aussi un regard par toute l’équipe, et les parents d’élèves de la progression du projet dans chaque matière, et avec l’auteur en ce qui concerne les recherches, questionnements etc.



Nous avons interrogé les élèves à partir d’une phrase « à démarreur ». Ils devaient poursuivre la phrase débutant par « Au Japon, … », ce qui a donné ce post, un premier travail sur « ce qu’est une phrase » finalement puis sur les stéréotypes autour du Japon au sein de la classe.
Le but était ensuite de sonder l’ensemble de la communauté éducative. A partir du site, en classe, nous avons construit la consigne, que vous allez voir apparaitre derrière moi puisque les élèves devaient proposer cet « exercice » à leurs pairs, à leurs parents, aux professeurs puis habitants de la ville. S’est alors posé la question de la formulation, de l’explicitation du projet, un premier travail d’écriture en somme.

 
 

 Les élèves sont allés dans les classes, aux réunions parents-professeurs, à la bibliothèque partenaire du projet pour recueillir les représentations de chacun sur le Japon et afin de travailler ensuite en cours de mathématiques sur les pourcentages à l’aide du tableur créé.



 Mais pour nourrir encore la réflexion nous avons voulu développer cette idée première.
Afin d’avoir une base de travail solide, nous avons posé cette question à l’ensemble du collège et par la suite avons dépassé les limites de l’établissement en créant un padlet public « Quand et comment le Japon est venu à moi ? » c’est le titre d’un livre de l’auteur Jean-Paul Honoré en résidence.
Il s’agit d’un padlet public. Tout le monde peut poster librement un document et donc le partager selon le paramétrage de ce padlet. En effet, il est possible de paramétrer le padlet afin de pouvoir modérer les publications, de rendre, ou non le mur public, d’ajouter des administrateurs …
(Si vous voulez contribuer aussi au projet , voici l’adresse : http://padlet.com/Mmedufresne/commentlejaponestvenuamoi )
Ainsi, Jean Paul Honoré, l’auteur en résidence est devenu administrateur avec moi-même afin de poster des textes et de modérer les textes des internautes.


 
Nous avons voulu avoir une disposition libre, les réponses d’élèves se mélangeant à celle d’auteurs, de professeurs et d’autres personnes dont on ne connait pas le lien direct avec la résidence, ce qui est très intéressant pour nous. Ce mur est devenu un endroit de partage, et nous recevons au fur et à mesure des souvenirs d’élèves, de parents, de personnes hors de la communauté éducative ou même d’écrivains, qui nourrissent notre réflexion et sont aussi parfois le point de départ d’un nouveau travail en classe, comme le texte proposé par Paul Fournel, les « Je me souviens Japonais ». Finalement, on travaille au fil des nouvelles contributions.
En effet, nous avons mené une première réflexion avec les élèves sur les différents souvenirs proposés. Ils ont donc fait une étude en travaillant sur les souvenirs récurrents.
Nous avons aussi pu réfléchir sur les souvenirs par rapport aux tranches d’âges proposées. Ils se sont rendu compte que dans les souvenirs d’élèves de leur âge, le manga ou les dessins animés étaient prégnants : dans leurs posts et ceux d’élèves du collège c’est ce qu’ils ont repérés.



Cependant, les souvenirs de Maryse 70 ans sont tout autres par exemple, plus centrés sur des faits historiques.



Ou encore un travail sur l’acrostiche, proposé par une internaute :
 

 

 Ils ont pu aussi apprécier le point de vue de leurs professeurs de diverses matières, d’internautes extérieurs à l’établissement et observer que les souvenirs étaient à la fois communs et personnels. Ce premier travail nous a permis d’aborder la notion de cliché, de stéréotype, mais aussi de commencer à nous intéresser à certains pans de la culture japonaise : événements historiques, arts japonais (littérature, arts martiaux…)
Les posts ont été alors un point de départ de réflexion, et nous ont permis ensuite de la développer.
A partir du texte de Jacques Jouet, auteur oulipien, les élèves se sont interrogés sur la poésie et les stéréotypes poétiques.

Ce texte a été un support et nous avons échangé oralement, toujours en co- animation avec l’auteur Jean-Paul Honoré. Ils ont pu lors d’une rencontre – lecture en discuter directement avec Jacques Jouet. Voici plusieurs réponses d’élèves :

  • « ce n’est pas une poésie mais une liste »
  • « ce n’est pas joli »
  • « ca ne rime pas »
  • « il n’y a pas de structure »
  • « il y a des chiffres, ce n’est pas une poésie. »

Nous avons donc travaillé sur les stéréotypes en poésie et l’auteur et moi-même sommes intervenus afin de déconstruire des stéréotypes et clichés poétiques.
Nous avons par la suite travaillé sur le souvenir, à l’aide notamment du texte proposé par Paul Fournel, et d’une pièce de théâtre Je me souviens de Jérôme Rouget, ainsi que « Trésor Public » de la compagnie Turbograph au théâtre de L’agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Les élèves, acteurs, devaient faire « don de leur plus beau souvenir », choisir une photo-carte parmi celles proposées sur le présentoir, écrire leurs souvenir et enfin l’envoyer à un inconnu, ici des habitants de Fleury-Mérogis.
Le but de cette performance artistique était de créer une mémoire collective heureuse.


 
Les élèves ont notamment pu écouter des bribes de Je me souviens de l’auteur Jean-Paul Honoré lui-même. Ce post a été le point de départ d’un travail d’écriture sur les « Je me souviens » de Perec.
 
 Le padlet a permis de développer un véritable échange entre écrivains et élèves. Ils se sont par la suite essayés à écrire à la manière de Perec, et le padlet est devenu un support de création, un brouillon d’élèves en posture d’écrivains.

Le padlet, un support de création




Nous avons ici préféré une présentation en colonne afin de cadrer les arrivées de « Je me souviens » certains sont encore en l’état mais le padlet permet de mettre en italique ou en gras des erreurs.
Nous avons majoritairement fait ce travail sur les Je me souviens en classe, en surlignant à l’aide du stylet les fautes d’orthographe d’une couleur et les segments à améliorer d’une autre. 
Malheureusement, nous n’avons pas encore finalisé ce travail puisqu’un post à fait l’objet d’une usurpation d’identité. Pour faire utiliser le padlet tout au long de l’année, il est important de leur faire créer un compte afin de pouvoir connaître l’auteur des posts et éviter ce genre d’incident, qui peut nuire à la classe, et en l’occurrence à un élève. Pour cela, chacun des élèves a dû se créer un compte, mais le travail d’écriture sur les « Je me souviens » est suspendu pour le moment, dans l’intérêt de l’élève.
Nous avons souhaité commencer un autre travail d’écriture, cette fois-ci sur Les Notes sur l’oreiller de Sei Shonagon, à partir de lectures de Jean Paul Honoré et un document sonore présentant le sommaire des Notes sur l’oreiller.


 
Ce fut un travail « interclasse », c’est-à-dire que plusieurs classes de 5ème et 4ème ont réfléchi et inventé des titres puis écrit des textes sur les « choses qui ».




Les élèves ont présenté leur premier jet et l’auteur, qui vient deux heures par semaine sur les heures de français a pu choisir en amont des textes sur lesquels il souhaitait que les élèves retravaillent. Ainsi nous avons pris le texte d’une élève et, ensemble, nous l’avons amélioré. Les élèves se sont essayés à l’exercice à partir d’une consigne qui leur a été donnée et nous avons produit un texte, où l’on remarque le travail du brouillon, ainsi que les interventions de l’auteur :



L’élève a pu ainsi comprendre l’intérêt du travail au brouillon, des ratures, des modifications, ajouts ou encore suppressions.
En lien avec le travail d’un auteur oulipien Frédéric Forte qu’ils ont rencontré lors d’une soirée lecture-atelier d’écriture, un groupe d’élèves, qui est allé visiter les sites Richelieu et BNF a présenté la visite sous forme de « Petite morale élémentaire portative », pendant que l’autre groupe lui, en réponse, a écrit sur le thème de l’écriture :


 

Le padlet, un outil favorisant l’interdisciplinarité et le travail d’équipe


Chaque travail sur le Japon est répertorié dans le padlet « quatrième résidence ». C’est finalement ce padlet sur lequel se base l’ensemble des autres padlets crées pour la résidence.

Grâce au padlet « quatrième résidence », l’élève a donc tout le cheminement du projet dans l’ensemble des disciplines ce qui permet de dépasser  les frontières entre les matières. On y retrouve des documents, des textes, vidéos ou sons. Ce padlet est à la fois le déroulé du projet et un outil pour la classe, outil sur lequel nous mettons les documents dont nous avons besoin, où l’on présente les pièces de théâtre que l’on va voir et les sorties faites par les élèves. Les élèves peuvent en dehors de la classe revoir et enregistrer les documents à partir du site, cette fois-ci protégé par un mot de passe.
Ce padlet va nous sert aussi pour interagir à distance avec l’auteur qui est parti au Japon. Il nous envoie des chroniques, des défis d’écriture et les élèves se lancent dans l’écriture. Nous recevons des photos, des vidéos qui permettent de créer d’autres travaux d’expression écrite et orale.  Les élèves gardent un lien avec l’auteur grâce à cet outil avec lequel nous travaillons en classe mais aussi en dehors de la classe.

 

Le padlet est finalement un outil au service d’un projet d’écriture et
de réflexion, nous permettant une multitude d’actions, en classe, avec
plusieurs classes et même en dehors de la classe et de l’établissement.

Sitographie

Cet outil peut aussi être utilisé à l’échelle d’un établissement. Nous avons mis en place cette année un padlet « Histoire des arts » afin de faciliter le travail des élèves et de l’ensemble de la communauté éducative.

Pour terminer, les padlets favorisent le partage de pratiques pédagogiques :

Exemples d’utilisation :

 

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