Atelier "L’imaginaire dans la ville"
mercredi 20 juin 2007
par le GREID Lettres

 

J’entends tout et je vois tout par Katana

J’habite au rez-de-chaussée,
Je n’ai pas une belle vue,
Mais j’entends tout et je vois tout.
Un soir, j’étais à ma fenêtre, il faisait nuit
 :
Deux garçons sont venus sur le parking
(La fenêtre de ma cuisine donne sur le parking)
Dans une voiture de couleur rose foncée.
Ils sont descendus de leur voiture
Et se sont mis à regarder une Polo Golf vert métallisé.
Ils l’ont regardée de très près,
Comme s’ils voulaient la voler.
Puis ils m’ont vue à la fenêtre :
J’ai fermé mes volets
Mais je voyais à travers les lattes
Et eux ne me voyaient pas.
Un des deux garçons a sorti une lampe
Qu’il a prise dans sa voiture,
Et ils se sont mis à regarder l’intérieur de la Golf
 ;
Un quart d’heure s’est écoulé,
Ils sont partis.
Trente minutes après, j’entends une portière se fermer,
Je vais à la fenêtre :
C’étaient les mêmes garçons
Mais ils avaient une autre voiture : une 106 blanche
Un homme était à l’intérieur,
Et il y est resté
10 minutes
Puis, ils s’en sont allés

 

Ce que je vois par la seconde 5

Un jour du mois de
novembre, j’étais à la fenêtre de ma chambre
et j’ai vu mes potes qui étaient en train de galérer
dans les BDT*, plus précisément dans le hall du B7 !
Comme d’hab ils s’amusaient à se vanner, à s’insulter
(gentiment) et à parler de leur "plan meufs - bien que
leur plan meufs était mort à cause de l’un d’entre
eux.

Je continuais à
regarder ce qui se passait dans ma cité quand mon cousin
m’a vue et s’est mis à crier : " Wesh ! prisonnière
 ! t’inquiète pas, je viendrais payer ta caution demain matin
vers 10h30." Et là ils se sont tous mis à rire
comme des gogoles. Entre temps, des gars de la cité d’à
côté (les cosmonautes) sont entrés massifs dans
les BDT en criant : " Et les gars allez regarder derrière
le B6 : y a une caisse qui brûle et c’est joli à voir !"
Deux secondes après, il n’y avait plus personne à
guetter dans la cité sauf le jeu de lumières que faisaient
les flammes de la voiture en feu ! Franchement c’était grave
joli à regarder, là au moins je ne galérais
pas ! (Marthe)

 

Quand je suis à
la fenêtre, je vois toujours la même chose au même
moment ,c’est à dire les mêmes personnes qui vont chercher
du pain à la même heure ,la même vieille qui
donne à manger aux mêmes chats et les mêmes jeunes
qui tiennent les murs des bâtiments. C’est une chose très
prenante de tenir les murs du bâtiment , il faut de la concentration
et du savoir-faire, ça demande des années de pratique
car ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça ! Je trouve
que les jeunes d’aujourd’hui sont trop bêtes : la dernière
fois, une bande de gogoles a brûlé une voiture devant
chez moi sans aucune raison apparente.

Et après il
se prennent pour des chauds, pour des bonhommes. Quelle génération
 ! (Amina)

 

Quand je suis à
la fenêtre, je ne vois pas grand chose d’intéressant
car il n’y a que des voitures jusqu’à 23h00. De temps en
temps ,des passants passent, ils sont peu nombreux. (Cyril)

 

Quand je suis dans
ma voiture et que je suis l’autoroute , je vois des graffitis sur
les murs et en dessous de certains ponts .La plupart de ces graffitis
sont en gris et noir mais il y a des exceptions :il y en a qui sont
en couleurs ; et ce ne sont que des couleurs vives , des couleurs
qui flashent ; il y a des graffitis qui font au moins deux mètres
de haut sur cinq mètres de large et à chaque fois
, je me demande comment ils font pour ne pas se faire remarquer
de ceux qui passent en voiture. (Damien)

 

Quand je suis à
la fenêtre je vois deux bâtiments et des pavillons.

Le bâtiment
qui est en face de moi est rectangulaire et très long. Il
est marron un peu orangé. C’est un des plus petits bâtiments
de la cité, il ne possède que 13 étages. Sur
chaque étage, il y a 16 fenêtres. Les fenêtres
sont différentes selon les pièces. Les fenêtres
des chambres ont deux vitres, celles du salon, trois et celles de
la cuisine, une. A travers les fenêtres des chambres, quelquefois,
je peux voir des lits et sur ces lits, des gens, souvent des enfants
en train de jouer.

Quand je suis au
milieu de la cité, je vois tous les bâtiments. En face
il y a le B5 et le B4 qui sont collés. Ensuite, sur la droite,
il y a le B3, le B2 et B1. Et enfin, derrière les bâtiments
les plus fréquentés, le B6, le B7, le B8, le B9 et
le B10.

Quand je suis sur
le quai pour monter dans le RER, je vois des mètres et des
mètres de tags.

Des tags tout au
long du RER, du premier wagon jusqu’au dernier. (Aline)

 

Quand je suis à
la fenêtre, je vois souvent des personnes qui marchent mais
sans destination précise , je les vois mais elles non.

Quand je suis dans
le hall, je vois des personnes qui parlent ou se battent , je les
observe mais elles non.

Quand je suis à
l’arrêt de bus je rencontre la plupart des gars de ma cité
qui galèrent et qui prennent aussi le bus.

Quand je suis dans
le bus, je n’aime pas laisser ma place aux vieilles qui me regardent
bizarrement.

Quand je suis dans
le tramway, je vois des gens qui trament des choses illicites et
d’autres qui n’osent pas se plaindre par crainte d’agression.

Quand je suis aux
Champs-Élysées, j’en ai marre de voir des gens qui
claquent leurs sous dans des choses qui n’en valent pas la peine
alors qu’il y en a d’autres qui meurent de par le monde.

Quand je suis dans
la classe, je pense à des choses ou plutôt aux causes
de mon déclin scolaire, je pense à ces choses extra-scolaires
qui font monter ma colère. (Luc)

 

Quand je suis à
la fenêtre je vois un bac à sable avec mes amis qui
jouent au football, ils sont srilankais, marocains, congolais, français,
sénégalais et ivoiriens. Ils ont tous un âge
différent, le plus jeune a 8 ans et le plus vieux a 16 ans.
Ils sont à des écoles différentes, certains
sont à l’école primaire de Paul Eluard, d’autres,
au collège Louise Michel et au lycée Alfred Nobel.
Mes amis font tous du foot. Ils se nomment Maso, Zoer, Babu, Alexis,
Kévin, Diatta, Douchie, Mourad, Malamine, Check. (Elhadj)

 

Mon petit B 5 par Jonny

Mes vieux et les personnes âgées du bâtiment
sont contre l’idée
Que mes soces et moi passions tout notre temps
Dans le même endroit ,dans la même pièce, le
même hall :
Toute une heure, toute une journée sans bouger, même
le petit pouce
"comment des jeunes presque à leur âge de maturité
ne peuvent rien trouver de mieux à faire !"
Ils disent mais ils ne savent pas
Ma cage à moi, mon hall, ma maison
J’ai grandi là, j’y ai vécu, j’y suis toujours
C’est un lieu de rencontre, un lieu de survie
Je devrais plutôt dire : un endroit de galère.
Impossible de se passer du petit B5, une journée comme un
dimanche, grise et triste
Et en plus un dimanche comme tous les autres dimanches, un dimanche
de galère
Ils disent : "parlez moins fort"
Mais c’ est pas vrai ; en plus ils n ’écoutent pas.. :
Parfois j’aimerais rester poli mais c’est impossible avec "Ah
Jonny lorsque ton père arrivera , tu verras"
Notre ancienneté au petit B5 nous oblige à pas les
écouter car c’est toujours les même mots, les mêmes
répliques.
Et je ne vois pas d ’où rester dans son hall peut être
choquant à ce point plutôt que traîner dans les
quartiers sans but précis.
C’ est le plus beau cadeau qu’on puisse offrir à une personne :

De pouvoir rester tranquillement là sans personne pour vous
dire :" Allez-vous-en !"
Voilà pourquoi on l’ aime tant, notre hall
Quand pourra-t-on s’en passer ?

 

Aller toujours plus loin par Jean

93 - Clichy-sous-Bois - La Forestière
Encerclée par le bois de Bondy
Le stade Henry Barbusse et le marché
Bâtiments délabrés
Escaliers enfumés
C’est plus que Chicago
Son surnom est Istanbul
Un ghetto, disent les jeunes
Et ils aiment ça quand c’est chaud
Les jeunes qui se droguent
Se bousillent la gueule
Avec des extasies
Leur paradis, les journalistes l’appellent l’enfer
S’ils savaient…
L’extérieur encore, ce n’est rien
Des voitures brûlées
Des poubelles fumées, déchiquetées
Les sous-sols, c’est mille fois pire
Faut pas traîner dans les parages
C’est un vrai carnage
Seringues, O.C.B. et despé à terre
Et aller toujours plus loin
Fumer jusqu’au délire
Et n’en avoir jamais fini avec l’horreur
Un jour, dans le journal : une femme
Retrouvée au sous-sol
Egorgée puis brûlée
Par des ados de 13 à 15 ans
Et pas de patrouilles de police
Des barrages leur interdisent le passage
9-3 : c’est pas un département
C’est un état d’esprit
Si vous tenez à vivre vieux
Mieux vaut pas y faire du tourisme

 

Comme si la ville appartenait aux garçons par Nadira

Ma ville, une banlieue du 93
Ma ville, Clichy-sous-bois
Clichy-la malchance
Clichy-la violence
Les rues chauves
Les murs mauves de tags
Et les portes en fer sont lourdes
Derrière le terrain vague, les rats sortent des égouts
Tout autour de moi, le vacarme des bus et des voitures
Et les cris des enfants dans les rues sauvages
Pas de parcs dans les parages
Rien, rien
Et, la nuit, on a peur de sortir
Que des garçons dehors
Presque aucune fille
Comme si la ville appartenait aux garçons
Obligée de rester chez soi
Pas le droit de s’amuser
La voix des filles de mon bâtiment
elle brise les fenêtres
Des cris muets
Filles de Clichy
Tout vous est interdit
Pourquoi ?
Le regard sombre des garçons
Sans arrêt, ils surveillent
Alors pas l’ombre d’une fille
Mieux vaut rester dans ces immeubles
Même si les nuits sont longues
Et quand revient le jour
Les petits et les filles ,
Ils peuvent sortir de leur cage
revoir les pays d’auparavant
Toujours les mêmes rues
Toujours aussi sales
Toujours les garçons
Ils n’ont pas bougé
Ils ne bougent pas de leur coin
Groupes de racailles :toujours là
Qui guettent
Lions dans la jungle
Je voudrais être libre
Je voudrais la vie comme un conte
Un conte de fée et que tout soit magique

 

Frère et sœur par Amina

Un lieu : Le centre commercial du Chêne Pointu
à Clichy-sous-bois - un grand bâtiment en rénovation,
donc pratiquement vide : il y a quand même une boulangerie,
une librairie, une boucherie, un magasin comme Leclerc mais moins
cher, qui vend tout et n’importe quoi.
16H45-17H15 :
Les musulmans font leurs dernières courses et se pressent
de rentrer chez eux pour manger ; c’est le ramadan
Une bande de jeunes vient de sortir du magasin
" Hé vas-y, ça s’fait pas ! donnez-moi-s’en !
"
" T’es un fou, toi ! fallait en péta comme nous, c’est
tout "
Une petite traverse le centre avec sa trottinette, elle va acheter
du pain.
A cette heure-ci, il n’y a pas beaucoup de choses à dire.
18H30 :
Le centre est rempli de jeunes mais aussi de personnes qui font
leurs courses et de petits qui s’amusent.
Un gars qui voit sa sœur traverser le centre :
" Qu’est-ce que tu fais là ? vas-y, rentre à
la maison "
Des vieux se plaignent :
" Ils passent toutes leurs journées plantés ici
 ; ça n’a pas changé "
Là, il y a une embrouille entre le garde du magasin et un
gars
" Attends, reste ici, fais voir tes poches ! "
" Comment ça, t’es malade, toi, t’as vu, j’ai quel âge
 ? tu crois qu’j’ai qu’ça à faire ou quoi ?"
" Si tu as rien à te reprocher, fais-moi voir tes poches
 ! "
" C’est bon, là, arrête de m’chercher, j’vais
m’énerver ; j’te dis qu’j’ai rien, alors, lâche l’affaire
parce que ça va mal finir "
Il a fini par le laisser partir
Là, ma sœur vient de me dire que ma mère a besoin
de moi ; alors je rentre chez moi
Et je repense au garçon et à sa sœur, et j’imagine

Après ces paroles, le garçon ne rentrera pas directement
chez lui, il restera posé là dans le centre commercial
avec ses potes, pour tuer la soirée. Bref, une fois rentré
chez lui, il trouvera sa sœur en djéllaba en train de
faire la prière. Il attendra qu’elle ait fini pour lui demander
 :
" Qu’est-c’que tu faisais tout à l’heure ? "
" Et bâ rien, j’faisais un p’tit tour "
" A zarma, tu commences à faire des petits tours !tu
crois qu’c’est la fête ou quoi ? tu sais quoi, j’plaisante
même pas avec toi ; la prochaine fois qu’j’te vois là-bas,
j’te nique ta race ! T’as compris ? "
En fait, ces deux personnes sont des arabes, et chez la majorité
des arabes, ça se passe comme ça. Les garçons
ont le droit de tout faire, à l’inverse des filles. Cette
jeune fille n’a pas fait remarquer à son frère qu’il
y était lui aussi car elle connaît la réponse
 :
" Moi, j’ai le droit alors que toi, tu as plein d’autres choses
à faire à la maison !"

 

Bus décompressés par Sabrina

601 a/b : bus des clandés - toutes les racailles
au fond du bus décompressent arrivées au rond point
juste avant la gare.
En général, même s’ils sont beaucoup, ils font
ça à 2 : y en a 1 qui appuie sur le bouton et l’autre
ouvre et tiens la porte, et ainsi de suite, tout le monde se tient
la porte en descendant.
La moitié du bus se vide ; alors le chauffeur appuie comme
un malade sur le bouton près de son volant pour fermer la
porte.
Maintenant les autres gens, qui ne descendent pas, ne disent plus
rien ; avant ils criaient après les jeunes en disant qu’ils
étaient malades de faire ça ; maintenant ils se contentent
de les regarder avec mépris.
Il y a aussi certains jeunes qui fument du shit au fond du bus.
A la gare, souvent les contrôleurs, toujours du monde, tous
entassés les uns contre les autres. Il y en a qui court désespérément
pour avoir une place, ce qui est inutile car, même quand on
en a une, on est tout écrasé par les gens qui sont
debout.
Une petite partie du bus se vide à Leclerc
603 : jamais à l’heure - personne dans le bus, juste
les profs de Romain Rolland qui rentrent chez eux
247 : il sert juste à aller à Leclerc et à
Chanzy, pour certains qui ne sortent pas de chez eux. Ce sont de
nouveaux bus avec les vitres teintées et des caméras.

Souvent les leurs à l’église de Pantin.
Les arrêts sont plutôt propres, excepté à
Clichy, surtout ceux de Louise Michel et de Romain Rolland, tout
sales, tout tagués
602c : le bus de Montfermeil car il n’y a que des gars de
Montfermeil au fond.
Une fois, j’ai vu les leurs aux Sept Iles, ce qui m’a étonnée
 : il est rare de voir les contrôleurs à Clichy parce
qu’ils ont peur de se faire taper.
Dans le bus, personne ne décompresse, ça fait qu’on
est obligé de descendre un arrêt avant, à Vidéo
futur, et de marcher jusqu’à la gare à pieds pour
ne pas se manger une amende
347 : le 3 - 4 - 7, c’est un peu le bus des amoureux - je
dis ça car le 347 amène à Bobigny et c’est
là que plusieurs couples se donnent rendez-vous : comme il
y a un centre commercial avec, juste à côté,
un ciné et un Mac-Do, c’est l’endroit idéal pour les
RDV.
Pour autant, je n’adore pas ce bus : les contrôleurs sont
trop souvent au terminus, et l’arrêt d’avant est trop loin,
on ne peut pas descendre.
Il sert aussi à faire du shopping sur la RN3 parce qu’il
y a un arrêt juste devant les magasins et on rencontre souvent
des amies qui viennent faire leurs achats.
613 : bus blindé de monde - la plupart du temps, ce
sont des gens de couleur qui vont au travail.
A la gare d’Aulnay, souvent les contrôleurs
642 : un tous les 1000 ans - il se vide toujours arrivé
à la sécurité sociale près du Chêne
Pointu.
C’est tout ce que je peux dire car comme il n’y en a pas souvent,
j’le prends rarement.

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