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Créer des bandes annonces sur une nouvelle de Maupassant

24 / 08 / 2013 | F. Cahen

par Françoise Cahen, professeur de lettres au lycée Maximilien Perret d’Alfortville

  • Niveau : seconde
  • Durée : Une heure de préparation, une heure de présentation
  • Objectifs :

-Stimuler la liberté créative grâce aux TICE, notamment celle des élèves en difficulté à l’écrit
-Favoriser l’analyse d’une nouvelle de Maupassant
-Apprendre à se justifier à l’oral

  • Supports :

-La nouvelle de Maupassant « Un lâche », dans le cadre de l’étude du recueil Scènes de la vie parisienne

  • Outils TICE :

-au choix des élèves : outils de traitement de l’image, vidéo, diaporama…

 -un blog de classe (facultatif)

  • Démarches et activités :

-Une première heure pendant laquelle les élèves définissent ce qu’on peut attendre d’une bande-annonce réussie : séduire le lecteur/spectateur en le renseignant sur l’œuvre, mais sans tout en dévoiler. Création collective des critères d’évaluation du travail. Constitution de groupes et définition des projets pour chacun : films, diaporamas, affiches, avec un premier brouillon de scénario…

-Une semaine après, retour des élèves avec leur travail finalisé. Projection des bandes annonces avec un petit exposé de chaque groupe : justification à l’oral des choix opérés, notamment par rapport au texte de la nouvelle.

  • Apport spécifique des TICE :

- Les TICE dans leur diversité ont été un stimulant pour la créativité des élèves et ont ainsi permis une très forte motivation des élèves, certains qui étaient en décrochage se sont enfin mis au travail.
- Les TICE ont permis la présentation du travail fait aux autres élèves (ce que ne permet pas une copie, ou du moins pas de façon aussi spectaculaire) et sa diffusion au-delà de la classe pour les groupes qui le souhaitaient, avec la mise en ligne des bandes annonces sur le blog.

Déroulement de la séquence

  • Le contexte du travail était celui de l’étude d’une œuvre complète, Scènes de la vie parisienne de Maupassant, qui permettait d’aborder la nouvelle et le naturalisme, autour d’un objectif plus vaste, l’étude de la représentation de Paris dans la littérature du XIXème siècle, permise grâce à un groupement de textes analysé en parallèle.
  • Les élèves avaient à lire la nouvelle « Un lâche » à la maison avant la première séance. Je leur ai ensuite exposé notre objectif : la réalisation de bandes annonces sur cette nouvelle, en leur demandant ce qui, a priori, faisait la qualité d’une bande annonce réussie. Les élèves ont trouvé plusieurs critères qu’on a pu utiliser pour réaliser la grille d’évaluation de leur travail (voir pièce jointe) : donner des renseignements sur l’œuvre sans en dévoiler tout le contenu pour conserver le suspens, frapper et séduire le lecteur/spectateur pour qu’il ait envie de voir l’œuvre entière.
  • Chacun a ensuite choisi sa façon de travailler, seul ou en groupe. Puis, les élèves devaient, pendant le reste de la séance, faire un premier brouillon de leur projet en définissant la forme qu’ils voulaient leur donner. Plutôt que leur imposer une prédéfinie (comme un diaporama, par exemple) j’ai préféré leur laisser la liberté du support. Connaissant mes élèves, je savais en effet que certains maîtrisaient très bien le montage vidéo, alors que d’autres étaient très compétents en traitement de l’image fixe, etc... J’ai souhaité exploiter leurs dons spécifiques, espérant que cela pourrait stimuler certains d’entre eux. Les élèves devaient ensuite finir le travail chez eux et le rendre la semaine suivante. Ils étaient avertis qu’ils devraient le présenter aux autres et justifier leurs choix.
  • La semaine suivante, la grille d’évaluation du travail finalisée était présentée aux élèves. La plupart m’avaient déjà envoyé par mail leur bande annonce et j’avais pu leur en retourner une correction avec les instructions pour l’améliorer, notamment pour tout ce qui concernait l’orthographe. D’autres sont arrivés avec une clé USB.
  • Nous avons projeté les travaux, parfois assez impressionnants. Les élèves se sont justifiés à l’oral, et il était vraiment très intéressant d’entendre les explications de leurs choix, parfois assez subtils. Voici un lien avec quatre travaux réussis : http://www.weblettres.net/blogs/article.php?w=oasis&e_id=61744

D’autres groupes ont présenté des travaux intéressants mais ils n’ont pas souhaité les mettre en ligne sur le blog.

Bilan

  • Ce travail a été une réussite, et m’a fait comprendre combien les TICE -dans leur diversité- pouvaient être mises au service de la différenciation pédagogique. Ce travail a permis notamment à une élève primo-arrivante, qui a beaucoup de difficultés à l’écrit, de rendre un travail très réussi, et grâce à ses explications très subtiles à l’oral sur la composition de son affiche, d’obtenir une très bonne note (voir l’affiche de Thays). Un autre élève, qui n’avait jamais rien rendu à l’écrit, s’est chargé du montage du film de son groupe, c’est lui qui a trouvé la musique appropriée. Il nous a ainsi montré ses talents, sortant de sa passivité habituelle. J’ai entendu parler de ce travail par les parents : des groupes d’élèves s’étaient retrouvés le week-end, et les familles se sont étonnées du degré exceptionnel de motivation de leurs enfants pour rendre un devoir de français.
    La composition d’un diaporama, d’un film ou d’une affiche a été un véritable travail d’écriture et j’estime que l’analyse de la nouvelle a été plus personnelle que ne l’aurait été la lecture expliquée d’un extrait en classe. On perçoit bien, à travers ces travaux d’élèves, combien la montée progressive de l’angoisse du personnage a été perçue, ou bien le rôle déterminant de la chute et sa dramatisation.
  • J’ai parfois eu un peu de mal à faire corriger aux élèves certaines de leurs œuvres : l’un d’entre eux m’a expliqué longuement qu’il s’agissait d’un choix artistique, que je ne pouvais pas remettre en cause ! Pourtant, l’un des films présentait un élève, qui n’était pas de la classe, dans une situation pouvant être considérée comme dangereuse, et je ne pouvais absolument pas le tolérer. Après un long raisonnement, et la pression des autres membres du groupe, nous sommes parvenus à ce que le scénario du film soit modifié.
  • Une difficulté liée à la diversification des travaux d’élèves est leur évaluation, car il est un peu difficile de comparer une affiche à un film, par exemple, et la démarche des lycéens m’a paru aussi importante à évaluer que la réussite formelle de leur bande annonce, par exemple, puisque je ne suis pas professeur d’arts plastiques ou de cinéma. Sur ce plan, l’étape de l’évaluation à l’oral a été déterminante. Mais je continuerai, malgré cette petite difficulté dans l’évaluation, par rapport à un relevé de copies classique, à proposer régulièrement une liberté dans les supports de travail : c’est ce qui stimule la créativité des élèves. La consigne doit rester précise, mais la liberté formelle pour réaliser cette consigne permet aux élèves de retrouver un plaisir dans la création. Le « devoir » perd sa forme classique, et cesse d’en être un : les élèves sont heureux et fiers de leurs réalisations, et toute la classe en sort très valorisée.
 
Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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