Poétiser le quotidien avec la réalité augmentée
par Joanna Marques, professeure de lettres modernes au collège R. Doisneau, Clichy-sous-Bois.
Niveau : 6e
Objectifs :
– S’exprimer en utilisant la langue française à l’écrit ou à l’oral
– Exprimer sa sensibilité, respecter celle des autres
– Créer une œuvre
– Exprimer son ressenti face à une œuvre
Contexte
À l’issue d’une première séquence sur la poésie du quotidien, nous menons plusieurs séances d’écriture d’un poème autour d’un objet choisi. Le passage par l’image d’un objet personnel vise à favoriser l’engagement des élèves dans le travail et à soutenir leur inspiration. La réalité augmentée, par la rencontre entre texte et image, permet de déployer une dimension poétique supplémentaire en insistant sur la spécificité du regard poétique, au-delà de la récitation scolaire (représentation initiale des élèves).
Supports : représentations (Le Violon d’Ingres, Man Ray ; Œuvres de Ben Heine : « Camera vs Pencil » ; Œuvres de street-art de Pejac ; vidéos « Aug(de)mented reality » de Marty Cooper) grille d’auto-évaluation du poème ; fiche tutoriel Aurasma
Durée : 4h environ
Démarches et activités :
– Découverte de la notion de réalité augmentée par le biais d’œuvres d’art
– Séances d’écriture et réécriture : un poème exprimant sa vision de l’objet choisi, sur le modèle des poèmes étudiés lors de la séquence, enrichissement (vocabulaire des émotions/sentiments, figures de style …)
– Incrustation des poèmes sur la photo via Aurasma
– Exposition des œuvres des élèves, fiche élève pour guider la découverte des poèmes
Outils numériques : application Aurasma sur mobile/tablette ou site Aurasma Studio sur PC ; utilisation du site Pixlr.com – éditeur d’image gratuit en ligne qui permet de créer une image à fond transparent ; tablettes ou salle informatique, BYOD possible
Apport spécifique du numérique : le passage par la réalité augmentée permet aux élèves de faire voir et de partager directement leur vision personnelle et poétique de l’objet choisi.
Déroulement de l’activité
Après avoir étudié différents poèmes mettant en scène des objets du quotidien dans la première séquence de l’année (« La brise fait le bruit ... » de Victor Hugo, « La Nuit » de Claude Roy, « Le Buffet » d’Arthur Rimbaud et « La salle à manger » de Francis Jammes), revu quelques notions de versification, quelques figures de style et le vocabulaire des cinq sens, le professeur propose aux élèves d’écrire à leur tour un poème sur un objet de leur choix, particulier à leurs yeux. Ce poème est partagé directement depuis la photographie de l’objet en utilisant la réalité augmentée.
La première séance est destinée à aborder la notion de réalité augmentée. L’œuvre La Nuit étoilée de Van Gogh a été étudiée lors de la séquence et son caractère poétique mis en évidence. Les œuvres proposées lors de cette séance utilisent également certaines formes de réalité augmentée : Le Violon d’Ingres de Man Ray, œuvre pionnière de la réalité augmentée bien que n’utilisant pas le numérique, elle permet d’aborder la spécificité du regard poétique ; quelques images de « Camera vs Pencil » de Ben Heine ; quelques œuvres de street art de l’article Pejac ; une vidéo de Marty Cooper. Cette dernière permet d’aborder la notion de calque posé sur le réel. À l’issue de cette séance, le concept de réalité augmentée est défini et les élèves cernent davantage le projet qu’ils vont devoir mener : la superposition de la réalité (ici, une photographie d’un objet) avec un élément virtuel (texte du poème, son, vidéo).
Les séances suivantes sont consacrées à l’écriture. Les élèves doivent d’abord apporter une photographie de l’objet choisi, objet du quotidien lié à des émotions ou souvenirs particuliers, sur le modèle des poèmes lus en classe, ou l’objet lui-même (pris en photo en classe par l’élève avec un appareil du collège si nécessaire). Le professeur se charge de collecter les photographies et de les imprimer.
À partir de cet objet, une première phase d’écriture commence, lors de laquelle les élèves doivent produire une liste de mots associés à l’objet afin de les aider dans l’écriture, puis la consigne est donnée : « Ecrire un poème en vers qui livre votre vision de cet objet. Votre poème doit contenir une figure de style (métaphore, personnification ou comparaison) et comporter des rimes. Pensez à utiliser le vocabulaire des émotions et sentiments. »
Les premiers jets sont relevés et relus par le professeur. Chaque élève reçoit une consigne de réécriture personnalisée.
Les élèves doivent ensuite s’assurer grâce à une fiche d’auto-évaluation que leur poème respecte les consignes. Certains élèves ajoutent donc une figure de style : métaphore, comparaison ou personnification ont pour but de rapprocher l’objet mis en poème par les élèves d’autres éléments, créer des associations poétiques ; d’autres cherchent un vocabulaire varié afin de créer des rimes.
Certains élèves ont besoin de davantage de temps pour produire un écrit abouti. Ainsi, ceux ayant terminé leur poème le tapent sur le site Pixlr (éditeur d’image gratuit en ligne) et l’enregistrent au format image avec un fond transparent. Le professeur peut alors accompagner les élèves n’ayant pas terminé leur poème et ayant besoin de davantage d’aide. La mise en image transparente de leur poème est prise en charge par le professeur.
Les élèves doivent maintenant incruster leur poème sur la photographie de leur objet, en utilisant Aurasma. Certains travaillent sur l’application Aurasma avec une impression de la photographie, d’autres sur ordinateur via le site Aurasma Studio et une version numérisée de la photographie de l’objet. Une fiche de travail en autonomie sur Aurasma est fournie.
A l’issue de ce travail, les œuvres des élèves sont exposées dans une salle. Les collégiens sont invités à parcourir les œuvres de leurs camarades, découvrant leur vision de leur objet grâce à l’application Aurasma (sur leurs propres mobiles ou via les tablettes du collège). Les élèves doivent remplir une fiche qui leur demande leur œuvre préférée, son thème, une figure de style dans cette œuvre, etc. Cette fiche, collée ensuite sur le cahier, permet de garder une trace de cette expérience.
Cette séquence a beaucoup plu aux élèves et permis, en ce début d’année de 6e, aux élèves et a professeur de mieux se connaître. Ce travail peut s’insérer dans un projet « Se connaître » en Accompagnement Personnalisé ou du type « Dossier moi » où l’élève travaille sur ses qualités, défauts, sa chronologie, ses souvenirs etc.
