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Créer un diaporama dont le lecteur est le héros d’après Vendredi ou la vie sauvage

14 / 04 / 2020 | le GREID Lettres


par Laure Theoden, collège La Cerisaie, Charenton-le-Pont (94)



Discipline : Français
Niveau éducatif : 6e, 5e
Domaine d’enseignement : français (cycle 3, cycle 4)
Durée du projet  : environ 8 H
Mots-clefs : écriture, lecture, collaboration, projet
Thématique  : Inventer des mondes
Problématique : comment peut-on développer des compétences de lecture d’une œuvre intégrale grâce à un écrit d’appropriation ?
Objectifs  :

  • S’approprier une lecture cursive en exploitant les potentialités de l’œuvre
  • Travailler l’écrit en collaboration en favorisant la coopération
  • Réfléchir à des formes de brouillon adaptées à la tâche d’écriture et les mettre en œuvre
  • Découvrir le travail de l’écrivain : la prise en compte des possibilités narratives et du lecteur

Compétences  :

  • Devenir un lecteur autonome
  • Participer de façon constructive à des échanges oraux
  • Adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces
  • Exploiter des lectures pour enrichir son écrit
  • Développer des documents textuels numériques (compétence numérique)

Particularité : la classe est partagée avec une collègue. J’effectue 1 heure par semaine avec les élèves de 5e. Ma collègue leur a fait lire de manière cursive l’œuvre de Michel Tournier.

Séance 1 : Retour sur la lecture cursive de l’œuvre

Les élèves échangent sur leur lecture personnelle de l’œuvre, ce qu’ils ont apprécié, moins apprécié, les passages qui les ont marqués. Je leur demande s’ils trouvent que Robinson a pris de bonnes décisions, s’il aurait pu échapper à l’île plus tôt et comment. Le fait divers dont est inspiré l’œuvre est exposé, afin de mettre en évidence que le texte de Tournier est lui-même une création littéraire. Ma collègue a d’ailleurs exposé les liens entre Vendredi ou la vie sauvage et Robinson Crusoë de Daniel Defoe.
Un travail sur le vocabulaire des reliefs géographiques est mené, en lien avec la carte de l’île de Juan Fernandez qui servira à tous les groupes (exercices extraits de Terre des Lettres, 5e éditions Nathan p. 112, 113 et 114). Ce travail complète celui fait sur la description de paysages par ma collègue.

Séance 2 : Elaboration du projet avec les élèves

Le projet est alors présenté : il s’agira d’explorer les possibilités de l’île pour permettre, ou pas, à Robinson de la quitter.
Le principe du “ livre dont on est le héros” est exposé, grâce à des quatrièmes de couverture ( https://livresdontvousetesleheros.pagesperso-orange.fr/index%20LDVELH.htm) et des extraits (https://contagions.hypotheses.org/315). Les élèves remarquent l’adresse directe au lecteur, la structure en paragraphes et la nécessité de faire des choix. Ils s’exercent pour vérifier la compréhension des stratégies d’écriture autour de la navigation hypertextuelle (cf. document A). Lors de la correction, ils soulignent qu’il est facile de lire les possibilités offertes par la mise en page pour effectuer sciemment le meilleur choix et donc de tricher si le récit est sous format papier. Il faudra donc trouver un autre média pour y remédier, des élèves évoquent une création numérique. Je présente alors la possibilité dans un diaporama de créer des liens entre des diapositives qui ne se suivent pas en cliquant sur des objets. La classe opte pour ce support. Il est proposé cinq passages de Michel Tournier à insérer dans la création du diaporama interactif (cf. document B).

Document A

Document A - Robinson consignes

Document B

Document B - Robinson extraits



Le lecteur du diaporama-jeu aura pour but de sortir Robinson de l’île en effectuant des choix, proposés par les élèves. Il y aura donc plusieurs routes possibles, qui pourront conduire à l’échec, soit que Robinson ne puisse s’échapper, soit qu’il disparaisse.
Il faudra tenir compte de la géographie de l’île et rester fidèle à sa lecture de l’œuvre, ce qui incite à reparcourir le roman pour rester cohérent : l’objectif est de développer les compétences de lecteur.

Les auteurs vont créer une trame narrative incluant des choix à faire, menant à des arcs différents. Il faudra donc prendre en compte son lecteur lors de l’écriture, ses attentes, ce qui pourrait guider ses décisions pour assurer la logique de son parcours personnel de lecture.
Une feuille récapitulative de consignes est distribuée, elle servira de guide tout au long du travail.

Séance 3 : le travail au brouillon

Dans un premier temps, il n’est pas donné de consignes précises sur la manière de rédiger le brouillon. Passer par une forme classique, un premier jet rédigé, paraît vite impossible à tous. Certains prennent assez rapidement conscience qu’il faudra une architecture narrative différente, une prise de recul par rapport à la rédaction. Ils commencent à utiliser des couleurs, des formes schématiques. Les autres groupes, s’ils ne l’ont pas fait d’eux-mêmes, sont encouragés alors à les imiter. Des grandes feuilles blanches sont demandées. Certains, moins nombreux, choisissent de travailler leur brouillon de manière numérique, avec libre office pour pouvoir par la suite copier/coller dans le diaporama.
Les brouillons sont hybrides, avec des codes propres à chaque groupe. Il y a négociation entre les élèves pour les choix à faire par le lecteur, les difficultés rencontrées par Robinson sur l’île. La conscience du temps à consacrer ensuite à la rédaction amène à faire du tri entre les pistes, à éloigner ce qui paraît trop flou. Pour chaque nœud du brouillon, des questions se posent : qu’apporte cet élément à ma trame narrative ? Quel écho ce choix peut avoir pour le personnage dans la suite non immédiate de mon récit ? Quels indices je laisse à mon lecteur, lesquels enlever ? Comment insérer de manière cohérente les extraits de l’œuvre ? Il y a un besoin constant de relecture de leur brouillon, motivé par le projet de groupe.
Tous les élèves peuvent se sentir impliqués dans cette phase de réflexion autour du brouillon, quel que soit leur niveau d’acquisition de l’écrit. La rédaction effective viendra après deux à trois heures de brouillon selon les groupes, directement sur le diaporama.

Exemples de brouillons d’élèves :
 

 

 

Séance 4 : créer son diaporama

Il est nécessaire d’avoir au moins une tablette par groupe, le logiciel utilisé est Libre Office Présentation. Je montre comment faire un diaporama et nous manipulons pour découvrir comment écrire un texte / insérer une image/ insérer une zone de texte en interaction avec une autre diapositive (cf. document C).

Document C

Comment faire pour que mon lecteur suive son choix ?

  1. Choisir une forme proposée dans le menu (rectangle, rond, forme de base)
  2. La disposer sur ma diapositive
  3. Cliquer droit avec la souris sur la forme / Interaction / Aller à la page ou à l’objet
  4. Sélectionner le numéro de la diapositive vers laquelle envoie le choix du lecteur puis cliquer OK

Les élèves rédigent de courts paragraphes pour chaque étape possible de leur diaporama. Le lecteur clique sur son choix et ne peut donc pas “tricher”. Il n’y a pas d’obligation à rentrer dans l’ordre les étapes du récit pour les élèves, puisqu’ils établissent librement des liens entre des diapositives. Le travail d’écriture est alors plus facilement réparti et n’est pas gêné par des absences éventuelles. La rédaction sur diaporama permet aussi des négociations orthographiques entre pairs notamment autour des suggestions du correcteur automatique. Le travail de rédaction se déroule sur trois heures en classe et se termine à la maison au besoin.

La rencontre avec le lecteur

Les élèves vont en salle informatique et testent les projets des uns et des autres pour vérifier le rendu et faire des dernières rectifications si nécessaire d’après les commentaires et conseils de leurs pairs. Les fichiers sont ensuite mis à disposition dans l’ENT pour l’établissement et en salle informatique le jour des portes ouvertes aux futurs sixièmes.
(pour pouvoir tester les liens, télécharger le diaporama en bas de l’article dans les documents joints)

Bilan

Les élèves se sont révélés ambitieux et très investis dans le projet. Ils ont su élaborer des architectures complexes, les négocier, revenir sur leurs choix et prendre en compte tout du long leur lecteur. L’aspect ludique du projet s’est retrouvé dans leurs interactions et les péripéties qu’a subies le lecteur. Les travaux effectués sont de qualité.

Points à retravailler

  • S’ils ont travaillé avec beaucoup de sérieux sur la description de l’environnement de Robinson et ont relu des passages pour prolonger l’univers romanesque, il leur a été plus compliqué d’inclure les extraits indiqués au sein de leurs trames narratives.
  • Pour travailler davantage sur l’appropriation de la lecture, la sélection pourrait se faire plus librement, pendant la lecture cursive si le projet était proposé en amont. Cela permettrait aussi une évaluation de lecture plus personnalisée (consigne : repérez trois passages que vous insérerez dans votre diaporama et justifiez ce choix).
  • Le personnage de Vendredi a été négligé dans la plupart des travaux, il serait intéressant de l’intégrer davantage, dans les consignes données aux élèves par exemple.

Sitographie

- A la marge de la lecture et du ludique : les livres-jeux de Boris Solinski, 2017, https://journals.openedition.org/sdj/777
- Loup Solitaire décloue Tchekhov , François-Ronan Dubois, 2013, https://contagions.hypotheses.org/315
- Il faut sauver l’écrit d’appropriation, entretien du Café Pédagogique avec Françoise Cahen, http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/10/15102018Article636751850187131836.aspx

 

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Directeur de publication :
A. David
Secrétaire de rédaction :
C. Dunoyer

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