Mener une étude de texte en s’appuyant à bon escient sur des ressources en ligne
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Niveau(x) : lycée Objectifs : - aider les élèves à construire une étude linéaire à partir de ressources existantes - aider les élèves à prendre du recul sur les études de textes qu’ils peuvent trouver sur Internet, à faire du tri de façon critique : il ne s’agit pas de diaboliser les ressources en ligne car il en existe de nombreuses qui sont tout à fait pertinentes, il s’agit de faire prendre conscience aux élèves de l’aspect très disparate de ces ressources, de la nécessité de garder un esprit critique, de la nécessité de repenser les éléments d’étude et de se les approprier Supports : Voltaire, article « Torture » et trois pages Internet proposant des commentaires ou études de ce texte Durée : 1 séance d’1h pour le travail d’amorce puis une séance de 2h pour le retour réflexif et enfin une séance d’1h pour la finalisation et environ 20 mn pour montrer le chemin accompli, soit un peu plus de 4h, en tout qui pourront faire gagner du temps pour les études suivantes. Outils numériques : Internet et un outil d’écriture collaborative Apport spécifique du numérique : - Internet est plein de ressources avec lesquelles les enseignants doivent compter aujourd’hui, que ce soit de bonnes ressources, de mauvaises ressources ou de ressources dont la qualité est discutable. On a souvent affaire à des élèves perdus qui se contentent de faire du copier-coller sans s’interroger, mais c’est aussi faute de formation quant à l’esprit critique nécessaire. Il s’agit donc de transformer Internet comme lieu de perdition éventuelle de nos élèves en Internet lieu de ressources à étudier et interroger comme il l’est pour les adultes ; - l’utilisation d’un outil d’écriture collaborative permet aux élèves, même s’ils ne travaillent que sur un passage du texte lors de cette activité, d’avoir accès à l’étude de l’ensemble du texte ; - enfin l’utilisation d’un outil permettant de voir les différentes versions permet de montrer aux élèves l’évolution de leur travail, qui est réellement importante, pour mesurer le chemin accompli. CRCN : 1.1 Mener une recherche et une veille d’information (s’interroger sur la fiabilité de la source, la comparer avec d’autres) 3.1 Développer des documents textuels |
Déroulement
Cette activité est née de la volonté de faire prendre conscience aux élèves à la fois de la présence de nombreuses ressources tout à fait utiles sur Internet et de la nécessité d’apprendre à aller les chercher en autonomie, et de la volonté de leur apprendre à exercer un regard critique sur toute ressource trouvée sur Internet.
1re séance : découverte du texte et première collecte
Une première lecture du texte se fait en classe, sans rien d’autre que le texte, pour recueillir les premières impressions des élèves, leur questionnement, leur ressenti.
Dans un second temps de la même heure, les élèves sont répartis en groupes de 2 ou 3 et les différentes parties du texte sont confiées à chaque groupe pour que chacun n’ait à s’occuper que d’un paragraphe ou deux. Je demande à chaque groupe d’écrire quelques mots de commentaire concernant le paragraphe dont il s’occupe.
Puis trois liens vers trois études du texte sont confiés aux élèves avec la consigne suivante : lisez ces trois études l’une après l’autre et récupérez les éléments qui vous paraissent pertinents pour expliquer le passage du texte dont vous avez la charge.
Évidemment, les études de texte que l’on trouve sur Internet sont pour le moment essentiellement des commentaires ou des lectures analytiques, non des études linéaires, ce qui oblige les élèves à lire la totalité d’un commentaire pour en extraire uniquement les remarques portant sur leur passage puisque celles-ci ne sont pas rassemblées. Ce point est expliqué aux élèves.
Les groupes travaillent en autonomie. Entre cette séance et la suivante, je lis les éléments qu’ils ont retenus et je leur fais un retour critique, uniquement sur les éléments qui semblent discutables et ceux qui peuvent manquer.
2e séance : retour réflexif sur les pages ressources et les éléments retenus (ou oubliés)
Nous commençons la 2e séance par un retour en classe entière sur les trois ressources observées. Je demande d’abord aux élèves de me dire s’ils ont des remarques à faire sur les pages qu’ils ont eu à consulter. J’avais volontairement choisi une page composée de notes d’élève prises sur un cours : les remarques ont un fond généralement juste, mais restent très laconiques, implicites, parfois imprécises, voire erronées ou incomplètes quand l’élève n’a pas compris ce que son professeur voulait dire exactement ou a mal entendu ce qui a été dit. Les élèves s’en rendent compte lorsque je leur demande de m’expliquer telle ou telle remarque notée sur cette page. Il était donc absolument nécessaire de la compléter, de la préciser, parfois même de la corriger.
La deuxième page était un cours nettement plus détaillé, mais il s’agissait encore d’une prise de notes d’élève : le contenu est juste car l’élève a bien compris ce qu’a dit le professeur, il y a parfois de petites coquilles et parfois surtout des éléments qui nécessitent d’être davantage explicités. Ainsi, ici il est nécessaire d’expliciter le rôle joué par l’expression « conseiller de la Tournelle » dans l’idée d’un « parallèle entre l’antiquité et la pratique de la torture à Paris au XVIIIe siècle ».
La troisième page était une étude faite par un professeur, très précise et détaillée, totalement rédigée. Cette troisième page était tout à fait pertinente, mais il était nécessaire de faire des choix dans les remarques en fonction de nos axes d’étude et de ne conserver que les éléments correspondant exactement au passage commenté car l’enseignant, lui, mêlait différents passages dont les procédés étaient similaires. Or pour ce type de ressource, les élèves ont bien du mal à synthétiser et à identifier les idées phares.
Les remarques des élèves font ressortir qu’ils ont bien perçu que la première page ne leur permettait pas toujours de développer un commentaire sur le texte car elle était beaucoup trop synthétique et qu’il fallait absolument revenir sur les éléments pour les vérifier et les détailler. Certains avaient bien noté des erreurs ou des approximations dans cette page rédigée par un élève. Ils soulignent aussi la difficulté pour eux à s’approprier les deux autres pages, plus fournies mais nécessitant une lecture attentive et un tri très rigoureux. Je commente avec eux chaque page pour qu’ils prennent conscience des différences de contenu, qu’ils voient ce à quoi ils devront être attentifs, ce qu’il faudra trier, développer, synthétiser, réorganiser. Nous observons aussi ensemble les noms de domaine et les éventuelles rubriques « Présentation » ou « Qui sommes-nous ? » pour les décrypter : il est ainsi essentiel de savoir si un site est rédigé par un enseignant ou s’il s’agit d’un site qui collecte les « cours » ou « notes » de cours qui sont parfois des documents d’enseignants (donc fiables) et parfois des notes d’élèves (souvent plus fragiles). Il s’agit ici de faire comprendre aux élèves qu’ils doivent vérifier leurs sources afin de mieux savoir quel crédit leur apporter.
Nous avons ensuite regardé le travail fait lors de la première séance : généralement, les groupes s’étaient contentés de recopier les remarques de chaque page qui correspondaient de façon évidente au passage qu’ils devaient étudier, sans aucun recul critique. Mais beaucoup de remarques pertinentes avaient été oubliées dans les deux pages plus fournies car elles étaient noyées dans une masse que les élèves avaient du mal à appréhender. Nous regardons ensemble comment lire plus attentivement ces deux pages pour pouvoir y récupérer des remarques correspondant bien à une analyse de tel ou tel passage : identifier, couper, coller, reformuler pour mieux intégrer.
Une fois le travail commun fait sur les trois pages ressources, il appartenait à chaque groupe de reprendre son propre travail pour :
- développer les éléments trop implicites ou trop synthétiques en s’appuyant davantage sur le texte, en le commentant plus précisément
- corriger d’éventuelles erreurs
- enlever les éléments sans rapport avec le passage étudié
- ajouter les (nombreux) éléments pertinents oubliés
Troisième séance : finalisation
Une troisième séance est nécessaire pour reprendre le tout et « lisser » les remarques. Il est en effet nécessaire de relire et reformuler les remarques finalement retenues pour se les approprier plus efficacement et mieux les intégrer à un paragraphe de commentaire. Il est également nécessaire de réorganiser l’ensemble des remarques faites sur un passage pour en faire un tout ayant une logique.
Ultime séance (menée à distance) : retour sur le parcours
Une dernière séance d’environ 20 mn au début d’un autre cours a été l’occasion de montrer aux élèves le chemin parcouru en leur projetant le premier état de leur travail et l’état final afin qu’ils mesurent bien l’évolution de leur réflexion.
Conclusion
J’espère que les élèves se souviendront de cette activité lorsqu’ils auront recours à des ressources en ligne pour réaliser des travaux personnels et ne se contenteront plus de recopier la première page venue, quelle qu’elle soit. Qu’ils auront la curiosité de chercher d’autres ressources, de les comparer, de faire le tri, de compléter certaines informations, d’éliminer celles qui sont surnuméraires, de réécrire, reformuler, réorganiser les choses. De s’approprier les ressources pour les mettre en adéquation avec leur projet.
On peut envisager une piste de prolongement en invitant les élèves à construire une sitographie hiérarchisée, voire commentée, à citer les pages qu’ils ont consultées pour élaborer leur explication. D’une part parce que c’est une manière d’appendre une forme d’honnêteté intellectuelle et aussi parce que c’est ce qu’on leur demandera ds le supérieur.
