Valoriser le plurilinguisme en UPE2A avec le site http://lexilogos.com
par Pascale Jallerat, formatrice FLE / FLS
Niveau(x) : UPE2A collège
- Valoriser les langues premières des élèves allophones nouvellement arrivés afin de mieux appréhender l’interlangue de chacun
Contexte : Supports :
- Les connaissances des élèves, experts de leur langue première
Durée :
Démarches et activités : Trois séances
Outil TICE : Internet http://lexilogos.com
Les compétences travaillées :
Pour le socle commun de compétences et de connaissances :
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Séance 1 : Être plurilingue, c’est faire partie de la richesse du patrimoine mondial (1 heure)
Objectifs :
Cette séquence a lieu dans une UPE2A (Unité Pédagogique pour élèves allophones arrivants) de collège, celle de Monsieur Yann Goupil, professeur au Collège Anatole-France aux Pavillons sous Bois.
Répertorier les langues première(s), et seconde(s) de chaque élève. Faire émerger la notion de plurilinguisme et sa richesse en tant que connaissance mais surtout comme élément d’un patrimoine mondial.

Au total, on observe donc :
- 10 langues premières : turc, roumain, espagnol, portugais, créole portugais, créole haïtien, arabe, roumain, lingala et tamoul, voire 11 langues premières si l’on en croit Joaõ qui exprime le souhait de ne pas confondre le portugais du portugais brésilien.
- 3 autres langues (en contact ou parlées ou comprises …) : l’anglais, le créole martiniquais et l’italien.
- 1 langue commune de scolarisation : le français.
- Les élèves parlent et/ ou sont en contact avec sinon cinq, six langues sinon trois au minimum pour un enfant de 11 ans.
- Au total : 14 langues différentes pour ces élèves d’UPE2A dont certains ont la même langue d’origine
C’est alors qu’est abordée la notion de patrimoine. Après avoir récolté les informations, deux questions ont été posées :
- Êtes-vous surpris ? Pourquoi ?
- Pourquoi rechercher ces informations ?
Les réponses des élèves ont été diverses :
En ce qui concerne la première question, quelques-uns ont été surpris, parce qu’ils n’avaient pas encore pris la mesure de l’importance de ce plurilinguisme.
C’est alors que les élèves ont véritablement compris la notion de patrimoine linguistique et ainsi l’importance de leur groupe dans la mesure où ils sont porteurs de ce patrimoine.
La deuxième question a posé plus de difficultés, les élèves ne savaient pas quoi répondre, ne comprenant pas trop en quoi cela est utile pour un pédagogue.
Après réflexion, certains ont émis l’hypothèse d’une piste de travail possible avec ces langues.
Séance 2 : Découvrir le site lexilogos.com et le clavier multilingue (1 heure)
Objectifs :
Utiliser les nouvelles technologies au lieu de les interdire dans le cadre de la traduction. Valoriser les langues et écritures d’origine des apprenants allophones arrivants.
Rendre les enseignants et les apprenants conscients de l’importance de celles-ci dans l’apprentissage de la langue française, à savoir, dans notre classe : le turc, le roumain, l’espagnol, le portugais, créole portugais, le créole haïtien, l’ arabe, le lingala, le tamoul, l’anglais, le créole martiniquais et l’italien.
Les apprenants sont invités à aller à l’adresse suivante : http://www.lexilogos.com
Devant la liste des alphabets proposés par le site, les remarques des élèves fusent, comme :
« Il y a plusieurs alphabets latins ? ».
En effet, il y a un alphabet latin commun à plusieurs langues mais il est nécessaire d’avoir des claviers différents qui permettent de proposer des diacritiques différentes selon les langues qui utilisent cet alphabet.
Mais on a aussi la remarque classique :
« Où sont les autres écritures ? » que posent les élèves utilisant une autre écriture.
On va alors voir d’autres rubriques proposées plus loin sur la page du site :
Mais Teepan, un élève tamoulophone, ne trouve toujours pas son alphabet, alors on continue la recherche.
Mais se pose la question de « Que faire et comment faire ? »
Démonstration est faite avec le japonais.
Le professeur montre comment utiliser un clavier différent avec alphabet des hiraganas (le plus utilisé). Il écrit une phrase qu’il connaît :
« watashi wa sensei desu » => moi/je (thème)professeur être/égalité => je suis votre professeur.
Il le fait en cliquant sur les hiraganas qui sont présents sur le clavier virtuel de la page du site.
Enfin, la technique du copier/ coller est utilisée pour le mettre sur une page de document texte classique.
Dès lors chaque élève peut utiliser le clavier numérique correspondant à sa propre langue.
Mais alors beaucoup d’entre eux affirment qu’ils n’en ont pas besoin car c’est le même alphabet que les français.
On retourne sur la page des alphabets latins, chacun ouvre le « sien » et force est de constater que des lettres accentuées ou des lettres avec cédille sont différentes selon les langues...
Chacun est alors amené à écrire un texte de son choix en utilisant le clavier approprié à sa langue. Certains groupes ont choisi de travailler à deux mains (ou plutôt à deux langues).
Ce qui donne …
ou encore :
Et en tamoul :
Et encore en arabe littéraire :
Séance 3 : Traduction et comparaison des langues de la classe (2 à 3 heures)
Objectifs :
Utiliser les traducteurs mais aussi commencer à utiliser ses capacités de raisonnement, ses connaissances sur la langue, savoir faire appel à des outils variés pour améliorer son interlangue. Comprendre la syntaxe de la phrase française à partir de sa langue première.
Après cette deuxième séance, les élèves sont amenés à traduire une phrase (on est en janvier) :« Je vous souhaite une bonne année » et à vérifier avec les dictionnaires de Lexilogos.
Après avoir vérifié les phrases avec le traducteur, les élèves les écrivent à tour de rôle au tableau. Commence alors le travail de comparaison des langues que le professeur montre avec une traduction en anglais :
On voit ici que la phrase commence par le sujet suivi du verbe. On remarque qu’il y a un mot en plus « new », on regarde sur le traducteur et on s’aperçoit que les anglophones utilisent le mot « nouvelle » alors qu’en français ce concept est implicite. Force est de constater qu’on ne dit pas tous tout à fait la même chose et de la même façon.
Selon cet exemple, chaque élève est alors amené à expliquer le pourquoi des mots en moins et/ ou en plus entre les deux langues, des placements de mots...
Dans cette situation l’apprenant devient l’expert de sa langue et l’échange avec ses pairs et son professeur (alors en position d’apprenant) lui permet de prendre conscience de ses acquis, de sa richesse linguistique ainsi que de ses erreurs dues aux interférences entre les deux langues.
L’ensemble du groupe travaille alors sur la syntaxe, la présence ou l’absence de mots, la grammaire et le sens des mots et la prononciation de la phrase qu’il répète après l’expert.
Synthèse :
- Les langues ont des syntaxes, des accentuations et des écritures différentes (Il y a 2 « i » en roumain : « i » et « ı » ; Il y a des accents autres comme dans « Vǎ »...)
- Les langues ne disent pas toutes la même chose (deux mots en tamoul : un pour la nouvelle année et l’autre pour les félicitations....)
- Le plurilinguisme est difficile mais c’est une richesse, c’est signe de compétence supplémentaires.
Grâce aux TICE et à la pédagogie différenciée qu’ils permettent, les élèves ont pu apprendre à utiliser à bon escient le clavier numérique, à utiliser un traducteur en ligne, à individualiser leurs apprentissages en fonction de leur langue première et donc à travailler leur interlangue individuelle et à développer leur autonomie, leur propre feed-back par rapport à leurs productions et à leurs propres besoins.
Prolongement :
Publication de cartes de vœux pour le printemps en langue première des élèves.