Quelle accessibilité aux outils numériques pour les élèves allophones ?
par Pascale Jallerat, GREID FLS, CASNAV de Créteil
1. Le constat
Selon l’Insee, l’illectronisme touche environ 17 % de la population française : une personne sur six n’utilise pas Internet, plus d’un usager sur trois manque de compétences numériques de base ; une personne sur quatre ne sait pas s’informer et une sur cinq est incapable de communiquer via Internet.
Mais cela est-il révélateur des élèves allophones ? Peut-on parler dans leur cas d’illectronisme ? Enquête Stéphane Legleye, Annaïck Rolland (division Conditions de vie des ménages, Insee ; 2019)
L’illectronisme est rappelons-le la difficulté, voire l’incapacité, que rencontre une personne à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques en raison d’un manque ou d’une absence totale de connaissances à propos de leur fonctionnement.
L’on sait bien que les applications comme Skype, WhatsApp, Twitter et autres sont fortement utilisées dans l’entourage de ces élèves.
Pour eux (et pour beaucoup d’autres jeunes) le numérique reste un outil essentiel de communication mais là s’arrête le plus souvent l’utilisation numérique.
A cela s’ajoute chez les élèves allophones qui sont très souvent en situation sociale précaire un manque de matériel ainsi qu’un manque de connexion à la 4G.
Alors comment faire pour que le numérique devienne un facteur favorisant l’inclusion et ne soit pas comme c’est souvent le cas un facteur aggravant d’exclusion ? Comment accompagner les élèves nouvellement arrivés pour qu’ils développent leurs compétences numériques mais aussi langagières ?
Comment faire en sorte que l’outil numérique soit un levier d’apprentissage du FLS ?
Doit-on pour autant s’interdire toute pratique pédagogique innovante telle la pratique de la classe inversée, des jeux pédagogiques en ligne ?
Il nous faut donc mieux prendre en compte les besoins et les réalités.
La crise sanitaire : un effet de loupe
Lors du 1er confinement nous avons pu faire le constat dans notre académie que peu d’élèves avaient accès aux appareils connectés : moins de 15% avaient à des ordinateurs et/ou tablettes mais environ 85% avaient accès à un téléphone portable.
Beaucoup d’enseignants ont donc pris le parti d’utiliser le téléphone pour assurer la continuité pédagogique et nous avons travaillé sur l’utilisation du téléphone en classe et hors classe d’une part tout en continuant de travailler plus classiquement sur les tablettes et sur les ordinateurs afin d’étendre et de perfectionner les compétences des élèves allophones, tant langagières, disciplinaires que numériques.
2. Pour que l’outil numérique devienne levier d’une école inclusive
L’importance de l’école
Le rôle de l’école, c’est d’assurer aux élèves, futurs citoyens, une formation à la maîtrise des outils numériques tant dans leur utilisation immédiate que dans la réception des informations liées à l’outil.
Par ailleurs il est important que les élèves en précarité numérique puissent accéder aux appareils connectés dans un cadre clairement défini surtout en ce qui concerne les téléphones portables pour les élèves allophones.
Aussi cela demande un encadrement national, académique et local.
L’importance du cadrage national, académique et local
Sur https://www.education.gouv.fr/, nous trouvons le BO n°37 du 11 octobre 2012, texte de référence des EANA : https://www.education.gouv.fr/botexte/sp10020425/MENE0200681C.htm
En outre, l’académie de Créteil a produit un aménagement de la circulaire n° 2018-114 du 26-9-2018, BO n° 35 du 27 septembre 2018 portant sur l’interdiction du téléphone portable à l’école et au collège, « Élèves allophones nouvellement arrivés : aménagements dans le cadre de la circulaire » le 15 février 2019 qui rappelle que les dérogations « peuvent également se justifier pour des raisons de communication : entre les élèves et les professeurs, entre ces derniers et les familles ou les représentants légaux, en raison de l’aide que peuvent apporter ces outils électroniques en matière de traduction, dans le but de mieux se comprendre dans le contexte du parcours de scolarisation du jeune ».
https://casnav.ac-creteil.fr/IMG/pdf/vademecum_portable_14-02-19reludg.pdf
Au niveau local, la politique d’établissement est aussi très importante pour les EANA dans le cadre de l’équipement : aménagement des salles d’UPE2A avec des appareils connectés, protocole d’accueil impliquant le référant numérique pour la mise en place d’identifiants numériques pour l’accès à l’ENT de l’établissement dès l’arrivée des élèves, tout au long de l’année, et accès à des sites spécifiques qui demandent la levée de certains filtres mais aussi pour la mise en place de la classe inversée avec des capsules accessibles au CDI ou en salles avec des AED par exemple mais pour l’information aux parents des nouvelles technologies comme outils de travail et présentation d’applications de traduction afin de faciliter la communication avec les parents allophones.
3. Quand l’outil numérique est un levier d’inclusion
Concernant la prise en compte des besoins particuliers des élèves allophones et l’accompagnement des parents, le recours au numérique (ordinateurs portables, tablettes, logiciels, applications, plateformes, sites Internet…) peut devenir un levier de réussite dans le cadre d’une école inclusive et bienveillante.
4. Quand l’outil numérique est un levier pour l’apprentissage de la langue française
Une grande attention est portée sur l’outil numérique en tant que facteur d’apprentissage pour développer les compétences langagières orales et écrites. De nombreux sites et applications permettent d’accéder à des supports authentiques d’une part sources d’apprentissage linguistique mais aussi culturel. Pour apprendre la langue française et pour découvrir la culture française
5. Quand l’outil numérique permet de mettre en place l’habitus scolaire français et de développer les compétences transversales
6. Quand l’outil numérique permet l’inclusion des élèves allophones
